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Falardeau-Montréal-Kapuskasing

Les longs voyages en voiture m’ont toujours fasciné depuis ma tendre enfance, et continuent de le faire même une fois voiture, peu importe si je suis passager ou conducteur.

Dans les années où j’avais une voiture, j’aimais bien faire de longues randonnées simplement pour le plaisir de brûler du carburant pour découvrir des contrées inexplorées de mon pays.  Je me souviens de randonnées mémorables, comme celle faite un vendredi de septembre 2006, en pleine dépression post-rock-détentienne, où je suis parti de Sherbrooke en direction de Thetford Mines via des routes secondaires m’ayant mené dans toutes sortes de bleds aussi oubliables les uns que les autres, au même titre que Thetford Mines elle-même.

Je me souviens aussi de celle que j’ai faite jusqu’à Kapuskasing, dans le nord ontarien, il y a de ça presque dix ans.  En trois jours, avec une voiture au kilométrage très avancé et un moteur qui brûlait son huile à mesure, je suis parti de mon Saguenay pour aboutir dans cette contrée en passant par Québec, Montréal, Ottawa et North Bay.  Et le retour de là-bas a été aussi une belle randonnée, celle-ci faite au volant d’un camion U-Haul, puisque la voiture que j’avais en arrivant là-bas a rendu l’âme peu de temps après que j’aie finie par me rendre dans ce secteur.

J’étais parti de Kapuskasing un matin de mars 2005, au lendemain d’une importante tempête de neige qui aurait rendu mon expédition périlleuse si je l’avais faite la journée précédente, ce qui était initialement prévu.  Je me suis d’abord rendu à Timmins, pour ensuite rejoindre la route transcanadienne dans le coin de Matheson.  En roulant vers la jonction de la route 66, j’ai bien failli avoir un accident, ayant légèrement dérapé sur la route.  Heureusement, j’ai réagi assez vite pour que l’expérience ne se limite qu’à un instant d’effroi ayant paru toutefois assez long pour que je m’en souvienne encore maintenant.

Rendu à l’intersection de la route 66, j’embarque sur cette dernière et arrête à Kirkland Lake pour un plein d’essence.  La fille qui remplit mon U-Haul de diesel ferme mal le bouchon, et quelque part entre Rouyn-Noranda et Val-d’Or, je m’alarme de la consommation d’essence de mon véhicule.  C’est en m’arrêtant souper à Val-d’Or que je constate le bouchon mal fermé et la traînée d’essence qui coulait du réservoir.  Après avoir refait un plein et après avoir fermé le bouchon bien comme il faut, je traverse le Parc de la Vérendrye pour la seule fois de mon existence, une traversée ennuyeuse au coton sur une route droite et mal entretenue.  Ma journée s’est terminée à Mont-Laurier, où j’ai dormi dans un hôtel où il m’a fallu faire venir une dépanneuse pour ressusciter mon U-Haul immatriculé en Arizona, là où les nuits où le mercure descend jusqu’à -30 degrés sont plutôt rares.  Ma randonnée s’est terminée à Montréal, là où je remettais ma camionnette à un dépositaire de la compagnie qui en est le propriétaire, et où j’ai laissé mes cliques et mes claques pour entreposage dans cet endroit qui, ironie du sort, se trouve tout près de là où j’habite présentement, où je suis arrivé un peu plus de deux ans après ce déménagement.

Quand on aime faire de la prose spontanée, on se fait un plan en tête plus ou moins précis, ce qui a l’avantage et le désavantage de nous faire partir dans tous les sens.  La preuve, c’est que je voulais parler de déplacement du Saguenay vers Montréal, et me voilà en train de vous amener plutôt dans le nord de l’Ontario.  C’est vrai que c’est une randonnée qui ne se fait pas souvent, mais elle n’a pas le même cachet qu’une traversée du Parc des Laurentides.

Je me souviens de la 175 de mon enfance, ce long boulevard sinueux à deux voies, rempli de détours pas toujours bien construits, où chaque dépassement pouvait se transformer en tragique collision frontale.  Et Dieu sait combien il y en a eu, les accidents mortels sur cette route faisant presque partie des banalités de l’actualité.  Un mort par ci, deux autres par là.  Cela nous a bottés le cul collectivement pour exiger l’amélioration de ce lien qui faisait encore du Saguenay-Lac-Saint-Jean une région reculée et isolée.  On s’est fait dire non souvent, on s’est même fait rire au nez plus souvent qu’à notre tour, mais nous avons quand même foncé et regardez ce que ça a donné : une magnifique route moderne qui permet de se rendre à Québec en moins de deux heures, quarante-cinq minutes de moins qu’avec l’ancienne route, où maintenant il ne se tue mystérieusement plus personne.  On se demande d’ailleurs pourquoi…

Rendus à Québec, le même dilemme revient : la 20 ou la 40?  Je préfère nettement la 20 à la 40.  La 40 a toujours été à mes yeux d’un ennui mortel.  On est perdus dans la forêt, on ne voit rien de beau, sauf peut-être les champs de maïs dans le coin de Neuville et la vue du Pont Laviolette à Trois-Rivières qui sont les seules choses qui en valent la peine sur cette route.  Parlant de Trois-Rivières, je déteste le fait qu’il faille emprunter la 55 pour aller rejoindre l’autre tronçon de la 40 qui mène à Montréal.  Si seulement la 40 avait été faite selon les plans d’origine, ce détour dans cette ville qui n’a jamais été plus à mes yeux qu’un arrêt-pipi ne serait pas nécessaire.  La 40 devait passer au nord de la ville à partir du début du tronçon vers Montréal jusqu’à cette grande courbe que l’on rencontre sur la 40 à l’est de Trois-Rivières, où aurait été construit un échangeur entre la 40 et une autoroute qui a été déjà numérotée 755, dont la fonction originale était de relier les autoroutes 40 et 55 via le centre-ville de Trois-Rivières.  Avec le temps, le projet de 40 au nord de Trois-Rivières a été abandonnée et la 755 a été incorporée à même la 40, de là la présence de ce détour que je déteste souverainement et qui me fait préférer la 20.

La 20, c’est un peu la route 66 québécoise, en référence à la mythique route 66 des Etats-Unis et non celle de l’Ontario dont il était question précédemment.  C’est une route qui marque l’imaginaire en raison de tout ce qu’on peut y rencontrer qu’on ne peut voir ailleurs.  Dans l’ensemble, la 20 n’a pas plus de beaux paysages à offrir que la 40, mais au moins on n’a pas à se taper un détour sur une autre autoroute en plein cœur d’une ville pour rejoindre l’autre bout de l’autoroute parce qu’un tronçon de cette dernière n’a pas été construit.  Il y a aussi  une impression que la vie se continue toujours, nuit comme jour, été comme hiver, en raison de cette abondance d’endroits ouverts 24 heures que l’on ne retrouve pas ailleurs.  Le statut de route transcanadienne de cette route joue gros pour cette offre de service, puisque cette autoroute fait partie d’un long ruban d’asphalte qui s’étend de Windsor jusqu’à Saint-Antonin, au sud de Rivière-du-Loup.  Quand l’autoroute 85 sera complétée d’ici quelques années, ce long ruban d’asphalte se rendra jusqu’à Moncton, la route 185 dans le Témiscouata servant encore de route de la mort comme la 175 de mon enfance, une autre preuve que pour améliorer une route vitale pour une région, il ne faut pas qu’une volonté politique et populaire, mais surtout des morts à la pelletée…

J’aime aussi la 20 parce qu’elle offre une entrée à Montréal plus spectaculaire que celle qu’offre la 40, où on ne voit que les déprimants réservoirs des raffineries de l’est de l’île, alors que sur la 20, on voit le mât du Stade Olympique s’avancer au fur et à mesure qu’on approche de Montréal, comme un phare et un point de repère pour nous dire que la région métropolitaine est tout prêt, qu’il ne suffira que de traverser l’un des nombreux ponts pour y accéder, si l’on ne choisit pas plutôt de le faire via le pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine, structure impressionnante pour tout gamin de région, peu habitué d’être passager d’une voiture défilant dans une si peu commune infrastructure, du genre qu’on ne retrouve pas ailleurs que dans une grande ville comme Montréal.

Montréal encercle la ville où je demeure depuis 2007, Ville-Mont-Royal-prout-prout-ma-chère.  Sans que j’y réside, elle est toutefois celle où je travaille et où j’y brûle mes calories en courant ou en pédalant dans ses rues ou dans le centre sportif de l’Université qui porte son nom.  Et si je déménageais ailleurs que Montréal demain matin, je pourrais me vanter d’avoir vécu sur son île sans même déjà avoir été montréalais.

Bizarre, non?

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