Mardi 11 août 2020, Brûlerie Saint-Denis, sur la rue Masson, au cœur du vieux quartier Rosemont. Je suis en train de réfléchir sur ce que j’aimerais écrire et faire.
Je n’écris pas nécessairement. J’aime m’évader dans cet endroit depuis mes premiers moments dans le quartier.
Je me souviens de l’été 2014, alors que je venais de mettre un terme à cinq ans et demi de « passage de monde au cash » dans une librairie du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal. J’avais besoin de faire table rase dans ma vie et de recommencer à zéro. Après moult errances, j’ai fini par reprendre le cap après quelques décisions douteuses qui m’ont mené vers une carrière de journaliste pigiste qui fut remplie de désillusions peu rémunératrices et des études en publicité à l’Université de Montréal qui se sont terminées en queue de poisson.
Depuis un peu plus de cinq ans, je travaille la nuit de façon purement alimentaire. Je fais de bons salaires, l’emploi est stable, et je tâche de construire autour de tout ça ce qui sera la prochaine étape dans ma vie. Alors que j’étais lourdement endetté à mon arrivée dans le quartier, j’ai fini par tout rembourser.
Oh que ce ne fut pas facile ! Les lettres d’agences de recouvrement, les appels incessants de leur part, à toute heure du jour ou même de la soirée, le ton menaçant des personnes mandatées pour me forcer à cracher le morceau pour rembourser mes dettes, j’ai connu tout ça. Dieu merci, tout cela est derrière.
Bizarrement, je ne regrette rien. J’ai pris un risque à un moment où je me devais de faire quelque chose, et je l’ai fait quand même. Prendre des risques, c’est risquer de réussir. Et si ça ne fonctionne pas comme prévu, l’aventure laisse derrière elle des leçons dont il faudra tenir compte si l’on compte recommencer, pourvu que cela ne se fasse pas de la même façon que la fois qui a précédé.
Me voici donc dans ce café que j’aime toujours autant après toutes ces années passées dans le quartier. L’atmosphère y est détendue, l’odeur du café y est rassurante et omniprésente. Le personnel est accueillant comme jamais. Même pendant le pire de la pandémie, ils ont gardé le fort. Ce n’était plus possible pendant ce temps d’aller y écrire, mais au moins on pouvait rapporter chez soi de ce café qui inspire et qui rassure.
Plusieurs de mes billets ont été écrits à cet endroit, et d’autres projets y sont nés, certains d’entre eux sont encore actifs et seront peut-être la prochaine étape de ma vie. Qui sait ?
J’aime plus écrire dans un café que d’écrire chez moi. Je devrai sans doute écrire plus souvent chez moi, car à la longue, écrire dans un café finit par coûter cher…