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Les Expos au terrain de balle

Revenir dans mon village implique qu’on se ressasse plein de souvenirs quand on voit tous ces endroits où ils se sont déroulés.  L’église, l’aréna, le terrain de balle et l’école de mon village sont, pour moi, remplis de ces souvenirs.

L’église de mon village, en forme unique de cône renversé, m’a vu y servir la messe, y faire des lectures et même me faire dire par certains – dont Mgr Roch Pedneault – que je ferais un bon prêtre, compliment que j’acceptais avec un certain dégoût, sachant que je méritais mieux dans la vie que de parler de Jésus à un auditoire qui n’est pas de ma génération et de représenter une institution, malgré les valeurs d’amour et de partage qu’elle véhicule, n’est pour moi plus qu’un ramassis de têtes grises dépassées, homophobes et rétrogrades qui n’a qu’elle-même  à blâmer pour son propre déclin.

L’aréna m’y a vu faire mes débuts en tant qu’annonceur, moi qui n’a pourtant jamais joué de ma vie au hockey, et qui regrette maintenant de ne pas l’avoir fait.  Quant à l’école, j’en ai amplement parlé au billet précédent, que vous n’aurez aucune difficulté à retrouver via les archives de ce blog.

J’ai envie de vous parler du terrain de balle aujourd’hui, simplement parce que c’est à cet endroit que j’ai le plus de souvenirs qui me remontent en mémoire.

Je me souviens d’avoir vu dans des albums de famille quelques photos de mon père, de ses frères et d’autres gens, s’amusant à jouer au véritable baseball dans cet espace de verdure situé proche de l’église et de l’aréna, qui n’était pas encore construit.

À l’époque, le Québec vivait une véritable histoire d’amour avec le baseball, conséquence de l’arrivée du baseball majeur à Montréal et de ces Expos, dont les Rusty Staub, Mach Jones et Claude Raymond suscitaient l’admiration au point de donner à plusieurs québécois le goût du sport national des Etats-Unis.

Il y avait un véritable monticule, comme au Parc Jarry, et le marbre s’étendait presque jusqu’au petit terrain de mini-putt, maintenant à l’abandon.  Les estrades étaient peinturées en jaune et en bleu, et étaient faites de madriers bien ordinaires.  Chaque tournoi de balle était un événement en soi, avec tous ces restaurants établis dans des caravanes où on pouvait s’acheter un hot-dog et de la crème molle.  Mon préféré était celui où on pouvait s’acheter de la barbe-à-papa.  C’est un peu en souvenir de ça qu’il y a environ un an, j’ai succombé à l’envie de renouer avec cette sucrerie lorsque j’ai croisé un vendeur itinérant qui en faisait aux gens qui passaient devant lui, à la sortie d’une bouche de métro du boulevard Pigalle à Paris.  Pour deux euros, je me suis retrouvé en un seul instant au terrain de balle de Falardeau de mon enfance.  Mais le vendeur m’en a fait une trop grosse portion, que je n’aurais jamais dû manger au complet, et le haut-le-cœur m’a pris en fin de soirée, vomissant en rose le délicieux souper aux moules que mes hôtes m’ont fait ce jour-là…

Vint ensuite l’année 1983, où mon village a accueilli la finale régionale des Jeux du Québec.  Pour la tenue de l’épreuve, plein d’infrastructures ont été construites pendant que d’autres étaient remises à neuf, les terrains de balle et de tennis surtout.  Le nouveau terrain de balle était plus petit, mais avait des estrades couvertes, des toilettes ainsi qu’un restaurant et un bar installés à même l’intérieur des estrades.  Je me souviens de l’inauguration de ces jeux, alors que je finissais la maternelle avec Constance avant que sa jeune sœur Moïsette ne s’occupe de moi l’automne suivante pour m’apprendre à écrire.  C’était une journée chaude et humide du début de mois de juillet, et les jeux avaient ouvert un vendredi soir ensoleillé où l’orage menaçait.  Peu après le début de la cérémonie, le ciel est devenu gris et en un temps presque record, tout le monde s’est déplacé à l’église pour que l’événement continue de se poursuive malgré le mauvais temps.  Après l’orage, tout le monde est retourné au stade pour une envolée de ballons par un ciel redevenu ensoleillé.

L’événement a duré quelques jours pendant lesquels des épreuves d’athlétisme se déroulaient sur une piste qui fut à l’abandon pendant quelques années avant qu’on ne construise une maison des jeunes à cet endroit à la fin des années 90.  Je me souviens aussi des épreuves de natation qui avaient lieu en plein Lac Clair, à un endroit où se trouvait une plage publique, fermée peu après.

Quant au terrain de balle, il était l’épicentre de l’événement, avec des compétitions de balle molle.  Je me souviens des camions de CKRS Radio et Télé qui étaient sur place.  J’avais l’impression en voyant ça que mon village était devenu le centre de l’univers, ce qui me rendait fier.  Mais une fois la fête terminée, la balle lente a pris la place du baseball.  Les tournois étaient cependant toujours aussi populaires et j’aimais tout autant y participer en tant que spectateur.

Outre la balle lente, on pouvait aussi y voir des partys et des spectacles de toutes sortes.  Et à chaque Saint-Jean, c’était là qu’il y avait le traditionnel feu d’artifices.

Avec un tel stade moderne et tant de gens talentueux de mon village à la balle lente, l’enfant que j’étais, grand fan de baseball qui ne manquait pas un match des Expos à Radio-Canada et qui les regardait au grand complet, a eu comme rêve de voir un jour ses Expos disputer un match face à une équipe de gens de mon village.  C’était sans savoir que le stade de mon village, même s’il était parfait pour la balle lente, était beaucoup trop petit pour du baseball de ce calibre, tellement petit que les Tim Wallach, Tim Raines et Andre Dawson se seraient vite lassés de jouer dans ce carré de sable où même Youppi aurait pu frapper un circuit.

Mais quand on est un enfant lunatique de nature, on peut se permettre d’inventer ce genre de chose, ou encore de penser qu’on va jouer soi-même au baseball majeur – je ne m’en serais pas trop plaint si c’était arrivé, mes finances seraient en nettement meilleure santé – ou même qu’on va y arbitrer.  Ma carrière de joueur de balle lente n’a duré qu’une saison, et j’étais plutôt mauvais, un peu comme dans ma carrière d’arbitre qui fut par contre plus longue, même si elle n’aurait pas mérité pareille longévité.

J’espère que les « victimes » de mes mauvaises décisions d’arbitre ne m’en tiennent pas trop rigueur aujourd’hui… 🙂

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