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Corinne et Danielle

Septembre 2005. Je suis animateur au FM 107 à Rivière-du-Loup, et mon collègue Sylvain Bureau m’invite à me joindre au Club Toastmasters de Rivière-du-Loup, où on pratique l’art oratoire et les relations interpersonnelles. Au début, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais j’ai finalement pris goût rapidement aux rencontres du mercredi soir à l’Hôtel Levesque de Rivière-du-Loup. Non seulement j’y travaillais mes aptitudes vocales, mais surtout je socialisais avec des gens de divers horizons, moi qui n’avait comme vie sociale que celle que j’avais au travail.

Rapidement, j’ai fait la connaissance de plusieurs nouvelles personnes de toutes sortes d’horizons. Parmi celles-ci, une fille prénommée Corinne. Elle était un peu plus vieille que moi, et avait tout un cheminement derrière elle. Le premier exposé que l’on doit faire dans le cadre des rencontres Toastmasters est ce qui s’appelle un brise-glace, c’est-à-dire qu’on se raconte à l’intérieur d’un exposé d’environ cinq minutes. Je me souviens de celui que Corrine avait fait. Née à Chibougamau un 31 décembre, elle avait connu une adolescence mouvementée, et la naissance d’une première fille alors qu’elle n’avait pas encore 20 ans l’avait forcée à se responsabiliser selon ses dires. Quand j’ai connu Corrine, elle avait entrepris un retour aux études pour travailler comme machiniste, un métier à prédominance masculine, ce qui ne la ralentissait aucunement. Elle était fière de ce choix de carrière et voyait l’avenir avec optimisme, qualité qu’elle savait faire rayonner.

Tout comme moi, elle est tombée amoureuse du Club oratoire de Rivière-du-Loup, et convainquit plusieurs de ses amis à se joindre au groupe. Parmi celles qu’elle a convaincue se trouvait sa mère Danielle, une femme qui m’a toute de suite charmé par sa joie de vivre et son amour du français. De plus, elle était originaire aussi du Saguenay! Ça me faisait du bien d’interagir avec quelqu’un qui, comme moi, a du jus de bleuet dans les veines.

Vers la fin de mon expérience en sol louperivois, j’avais invité mes parents à venir me voir donner un exposé dans une rencontre présentée exceptionnellement un samedi matin. Des gens de Rimouski étaient sur place, en plus de mes parents, de Corinne, Danielle et des autres habitués de nos rencontres du mercredi soir. Quand j’ai présenté Danielle à mes parents, une étincelle s’est allumée dans ses yeux quand je lui ai dit que je venais de Falardeau. Danielle aussi venait de là, et était la cousine de quelques cousins et cousines de ma mère. Danielle et mes parents ont eu une longue et belle conversation en ce matin de mai 2006, chose tout à fait normale quand des bleuets se rencontrent inopinément et quand ils se trouvent des liens insoupçonnés entre eux.

Juste avant de partir pour Sherbrooke, Corinne avait emménagé dans un nouvel appartement, proche du centre-ville de Rivière-du-Loup. Elle m’avait invité à la pendaison de la crémaillère, et elle était là avec Danielle et plein d’autre monde. Comme à son habitude, Corinne était de party, avec un sourire radieux et un optimisme contagieux. Je lui avais prêté un DVD de Family Guy, et elle est venue me le porter lors de mon dernier soir à Rivière-du-Loup, le lundi 19 juin 2006. Bien que nous sommes restés en contact de façon informatique, nous ne nous sommes pas revus en personne depuis.

Dimanche 16 mars 2014, il est midi. Le soleil brille, mais il vente sur le Bas-du-Fleuve, qui n’en finit plus d’encaisser les tempêtes en cet hiver si coriace que le printemps aura beaucoup de difficulté à terminer. Corinne et sa fille Caroline roulent en direction de Rimouski. C’est une route qu’ils connaissent, qu’ils ont fait souvent. Ce jour-là, c’est Caroline qui est au volant. Elle a 18 ans. Soudainement, la voiture dérape et un camion arrive en sens inverse. Corinne et sa fille n’ont aucune chance, leur décès est constaté à l’Hôpital de Rimouski, là où est aussi traité le conducteur du camion impliqué, victime d’un violent choc nerveux.

J’ai appris la nouvelle à mon réveil le lendemain, alors que Valérie Pelletier, une fille à qui Corinne avait donné la piqûre de nos rencontres oratoires du mercredi soir, avait retransmis sur son fil Facebook une nouvelle du site Infodimanche.com. Deux jours après la tragédie, j’ai de la misère encore à vous dire le choc que j’ai ressenti en apprenant cette nouvelle.

Immédiatement, mes premières pensées ont été à Danielle, une femme que je sais forte et fière, une dame de qui je conserve un précieux souvenir, et à qui je souhaite tout l’amour et la sérénité nécessaires pour qu’elle retrouve une certaine paix qui lui permettra de continuer malgré le choc qu’occasionne cette double perte.

J’ai été privilégié d’avoir connu Corinne, une fille dynamique, enjouée, optimiste et convaincante. C’est le souvenir que je conserverai toujours d’elle.

Repose en paix avec ta fille, ma chère Corinne, et veille sur nous. Je sais que c’est super cliché, mais que peut-on dire de plus dans de pareilles circonstances?

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