Cela n’a pas trop paru, mais l’été a enfin débuté le week-end dernier à Montréal, malgré cette ixième incursion de l’hiver dans ce printemps qui ne s’est pas encore affirmé à sa juste mesure.
L’été s’est invité à l’intérieur de ce vaste bidet de béton qui nous a coûté les yeux de la tête et risque de nous coûter encore davantage en entretien pour les prochaines années, soit le Stade olympique de Montréal.
Avant de se manifester dans le bidet, l’été s’est d’abord incrusté dans l’atmosphère à l’aide d’une brève mais bienfaisante intrusion de chaleur qui a laissé croire pendant sa brève existence que le printemps avait enfin atteint sa vitesse de croisière. J’en ai d’ailleurs profité pour me servir de ma corde à linge pour la première fois de l’année.
Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais j’aime vraiment me servir de ma corde à linge. Je trouve que mon linge sent bon après que le soleil et le vent se soient chargés de les faire sécher. D’ailleurs, Éole et Galarneau forment une paire bien plus efficace que n’importe quelle sécheuse. À deux, ils sèchent le linge vite et bien, ce qui compense pour leur grand défaut, celui de ne pouvoir être utilisé que pendant une moitié de l’année.
Qu’importe, ce n’est pas de séchage de linge que j’avais envie de vous jaser, mais de baseball. Encore une fois, je me suis laissé charmer par ce sport qui est, parmi tous les sports, celui que je chéris le plus, davantage même que notre propre sport national, le hockey.
C’est de la faute à mon père si j’aime plus le baseball que le hockey. Jeune enfant, j’allais l’applaudir dans les estrades du terrain de balle de mon village pendant que le reste de la famille regardait le tout du balcon de la résidence de mes grands-parents paternels, située juste de l’autre côté de la clôture du champ gauche du stade de Saint-David-de-Falardeau.
J’aime le baseball parce que mon père y était bon, mais aussi parce que c’est un sport d’été, dont la lenteur permet de l’apprécier tout comme le fait que le temps ne compte pas. Quand on regarde un match de hockey ou de football, on entend souvent dire qu’il reste du temps au cadran, chose qu’on ne voit pas au baseball. Tant qu’il n’y a pas trois retraits, ça joue. Et ce n’est jamais fini tant que le dernier retrait n’est jamais survenu, un peu comme dans la vraie vie. C’est d’ailleurs une des choses que j’aime de ce sport, voir une équipe revenir de l’arrière vers la fin d’une rencontre pour ensuite la remporter alors qu’on la croyait battue d’avance.
C’est en compagnie de mon amie Claudine que je me suis retrouvé dans les hauteurs du bidet olympique pour assister à la première rencontre présaison entre les Blue Jays de Toronto et les Reds de Saint-Cinnati – clin d’œil à Victor-Lévy Beaulieu —. J’ai passé une belle soirée, qui a passé cependant un peu trop vite, car ce fut un match de lanceurs où les frappeurs n’ont pas été à la mesure de leur talent, les Blue Jays n’ayant frappé que trois coups sûrs, alors que les Reds en ont frappé le double, marquant les deux seuls points du match en huitième manche, en route vers une victoire de 2-0.
J’avais envie d’assister à la rencontre du lendemain, mais mon budget limité m’en a empêché. J’ai donc regardé une partie de la rencontre à la télévision et je l’ai regretté. C’est ce match-là que j’aurais préféré voir, car l’attaque des Blue Jays s’est défoncée en route vers une victoire facile de 9-1.
À l’extérieur, l’hiver avait repris son trône avec quelques centimètres de neige qui nous ont fait oublier qu’à peine 24 heures plus tôt, on se promenait en t-shirt sans veste à l’extérieur. Le printemps a été remis à plus tard en raison du gel comme un match de baseball qu’on reporte à plus tard à cause de la pluie.
Sous le toit du bidet olympique, on n’a pas besoin de craindre la pluie, car le toit l’empêche de faire les trouble-fête. Mais que serait-ce si c’était dans un nouveau stade?
En ce 6 avril 2015, c’était le début de la saison de baseball dans presque toutes les villes des États-Unis. Et si la saison avait commencé à Montréal dans un nouveau stade sans toit, le match se serait déroulé dans des conditions froides, avec un peu de neige qui serait tombée vers la fin du match, un peu comme ça s’est vu à Cleveland ou au Colorado. Mais le stade aurait été plein quand même.
L’hiver, ce n’est pas supposé nous faire peur et si on s’était mis 35 000 dans un stade à applaudir un sport d’été joué dans des conditions de presque hiver, on aurait peut-être fait comprendre à l’hiver qu’il pouvait aller se faire voir ailleurs et nous laisser la paix pour au moins les six prochains mois, et même plus, le plus tard sera le mieux pour son inévitable retour.
Et ce stade, faut-il le construire? Oui! Le bidet olympique se fait vieux et date d’une autre époque, juste à y voir l’allure des sièges et à entendre les échos qui rendent davantage médiocre un système de son qui a perdu toute son efficacité à force de ne pas être utilisé.
Mais d’ici à ce que ça se que le nouveau stade se bâtisse, il faudra se contenter de ce bidet et de cet été de baseball qui est enfin commencé et qui convaincra enfin Dame Nature de dire à l’hiver d’aller se faire voir ailleurs.