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Plaire à tout le monde : mission impossible!

L’histoire remonte à 2004-2005 ou dans ces eaux-là, et j’ai pu la suivre via Radio-Réveil, un forum destiné aux gens de l’industrie de la radio. Elle fut racontée par un gars qui y animait à l’époque et validée par un de mes anciens collègues de travail qui est venu y faire un très court séjour, ayant démissionné après un mois de service, las de la mentalité particulière qui règne à cet endroit perdu que je ne nommerai pas plus que je nommerai la station impliquée.

La localité en question se trouve perdue dans le bois, à des centaines de kilomètres de la civilisation. Il n’y a qu’un seul ruban d’asphalte (quand il n’est pas en gravier) qui l’y relie, et franchir celui-ci s’avère toujours un calvaire pour les automobilistes.

C’est la seule radio de la place, et celle-ci est communautaire. En étant communautaire, une radio peut vivre grâce à des subventions gouvernementales en plus des revenus publicitaires que le marché qu’elle dessert lui offre. Sauf qu’à cet endroit-ci, le marché est tellement minuscule qu’il ne pourrait faire vivre décemment une radio privée dont les seuls revenus proviennent de la vente de publicité.

Dans le communautaire, on peut voir de tout, du meilleur au pire et même les deux à la fois au même moment à la même station, tout dépend sur laquelle on tombe. Je n’ai jamais visité l’endroit où se trouve cette station. Bien qu’il m’intrigue et que j’aimerais moi-même franchir en auto ces centaines de kilomètres qui le relient de cet endroit, je n’ai aucunement envie de le faire pour aller animer à cette station de radio, même si elle a sans doute changé depuis cette époque.

L’histoire commence comme suit. Un jeune animateur fraîchement diplômé en Art et Technologie des Médias (ATM) au Cégep de Jonquière aboutit à cet endroit pour y occuper son premier emploi rémunéré d’animateur radiophonique et fait le récit sur ce forum de comment se déroule son expérience. Son emploi commence bien, sans faire trop d’histoire, jusqu’à ce qu’il se bute à des membres du conseil d’administration qui, ayant reçu deux plaintes, lui ordonne de changer quelques affaires. On le trouvait trop jeunot, pas assez adulte selon les deux plaignards, anonymes de surcroit.

Pas longtemps après, la station décide de diffuser NRJ la nuit parce que trois personnes s’étaient plaintes du son de CKOI qui y jouait. Et peu de temps après, toujours après avoir reçu deux plaintes – toujours anonymes – la station décida plutôt de diffuser Rock-Détente. Ils sont revenus à CKOI après avoir encore reçu une plainte.

Las de recevoir autant de plaintes, la station décida de distribuer aux résidents de la place – dont la majorité vit dans un long bâtiment d’un kilomètre et demi de long – un questionnaire pour savoir quel genre de radio ils aimeraient entendre. La chose avait été faite peu de temps avant l’arrivée de l’animateur, et le conseil d’administration de la radio a décidé de recommencer l’opération à zéro. Voyant que le nombre de plaintes restait le même, ce même conseil décida de refaire le tout deux semaines plus tard.

Las de travailler pour des patrons aussi surréalistes que déconnectés de la réalité du monde radiophonique, notre animateur leva les pattes après trois longs mois passés dans cet atmosphère. Mon ancien collègue a oeuvré quelques temps plus tard dans cette station et abdiqua après un mois, ayant fait jouer Gaétan Richard et sa chanson la plus courte en guise d’adieu à ce milieu.

Vouloir plaire à tout le monde est un fantasme que tout le monde a, mais que personne n’a jamais pu accomplir, pas même Céline Dion. Malgré des dizaines de millions de disques vendus aux quatre coins de la planète, il existe encore des gens qui n’aiment pas sa musique.

J’ai déjà été un grand fan de Céline jusqu’à ce qu’elle chante avec Barbra Streisand. Elle m’a perdu à ce moment précis. J’ai trouvé horrible la chanson qu’elles ont faite ensemble. Le vidéoclip était encore pire. Regardez-le sans le son et vous verrez de cette chanson qu’elle tient plus du duel que du duo, avec deux protagonistes qui semblent jouer au jeu de celle qui va crier le plus fort pour parvenir à enterrer l’autre. Céline semblait d’ailleurs tellement pousser fort que j’avais peur de la voir expulser les yeux de son visage crispé comme si un autobus lui passait sur le corps.

Bref, je n’ai vraiment pas aimé et je l’ai dit nombre de fois à qui voulait l’entendre. Je n’ai pas été le seul à penser ainsi, des critiques éminemment plus connus et reconnus ont dit pareil dans des termes encore plus dévastateurs.

Malgré tout, le disque sur lequel se trouve cette chanson – de même que celle du Titanic – a été l’un des meilleurs vendeurs de la carrière de Céline Dion.

S’est-elle arrêtée aux commentaires d’un seul critique pour changer toute son œuvre et aurait-elle repris le tout à zéro si un autre critique aurait dénigré sa nouvelle approche? Bien sûr que non!!

Vouloir plaire à tout le monde jusque dans les moindres détails des caprices de tout et chacun est totalement impossible même quand on est Céline Dion et même quand on a René Angelil comme gérant.

Devant la mauvaise critique, on a deux choix : s’écraser ou continuer. Si le deuxième choix est l’alternative la plus sage, la première est la plus lâche et mène toujours à notre perte.

S’écraser, c’est donner raison à celui qui nous dénigre et se plier à lui nous fait perdre d’autres admirateurs dont certains d’entre eux se plaindront. Et si on se plie encore à ces commentaires, on s’embarque dans une spirale sans fin qui nous mène à l’anonymat et à l’extinction.

Continuer, c’est s’entêter à rester tel quel, à garder le cap que l’on veut atteindre. Les commentaires d’autrui peuvent nous aider à l’atteindre. Il faut écouter certes, mais il ne faut pas donner suite à tout. Il faut suivre son instinct et accepter les commentaires qui peuvent le servir et rejeter ceux qui lui nuisent.

Vouloir plaire nous condamne à déplaire, car il y en aura toujours un quelque part qui ne sera pas content et qui ne se gênera pas pour le dire, parfois de la façon la plus inélégante qui soit.

Alors si on déplaît en voulant plaire, aussi bien garder le cap en faisant fi de ce que les mauvaises langues disent de notre travail.

La qualité de ce dernier est notre meilleur allié pour progresser. Et si on augmente toujours la qualité de ce que l’on fait déjà, on ne peut que finir par avoir à l’usure ceux qui nous dénigrent.

L’exemple de la radio de ce milieu éloigné le prouve par lui-même : si on change tout à chaque fois que quelqu’un se plaint, on ne fait que causer plus d’insatisfaction et on provoque plus de problèmes que l’on en règle.

Faisons plutôt comme Céline Dion. Persistons et restons nous-mêmes. Notre succès sera le plus beau doigt d’honneur qu’on pourra envoyer à nos dénigreurs.

4 réflexions au sujet de “Plaire à tout le monde : mission impossible!”

  1. Il y a la persévérance… Et il y a l’acharnement… Je veux pas être plate en parlant des Nordiques/Coyotes, mais c’est un bon exemple. Vouloir garder une équipe déficitaire depuis sa création il y a 16 ans dans le désert, nous à Quebec on considère que c’est de l’acharnement. A Glendale on dit que c’est de la persévérance… La ligne est mince entre les 2.

    Très bon texte !

  2. Excellent article, tout le monde devrait suivre ce conseil et tu as le plus bel exemple. Les médias sont devenus très frileux et c’est dommage. C’est nous, qui en payons le prix. On nous prive de la diversité pour quelques inadaptés sociaux. J’ai hâte que le vent tourne de côté.

  3. Les (mots censurés) de conseil d’administration des radios communautaires.
    Je n’en dirai davantage! Ma phrase veut tout dire!

  4. Si les gens cessent de vouloir plaire aux autres, pensez vous qu’ils pourraient être moi sensible au bien être des autres? L’équilibre, est elle de faire le maximum pour l’amour, l’admiration des autres sans toutefois déprimer au moindre rejet?

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