Laissez-moi vous raconter une tranche de vie bien personnelle. Ça se passe en août 1996, dans mon Saint-David-de-Falardeau, où j’exerce un travail étudiant d’été pour la commission locale des loisirs. Le déluge du Saguenay venait frapper deux semaines auparavant et celui-ci alimentait encore bien des conversations dans mon village cette journée-là où je passais le râteau sur le terrain de balle.
Proche de mon village se trouve une série de barrages hydroélectriques et les 300 mm d’eau reçus entre le 19 et les 21 juillet précédents ont amené un surplus d’eau qui a fait craindre pour la solidité de ces derniers. Heureusement, malgré quelques débordements légers, ces infrastructures ont tenu le coup.
Toute cette eau avait déjà parcouru beaucoup de chemin depuis qu’elle avait touché le sol, mais des gens en manque d’attention ont su en profiter pour faire circuler des rumeurs affolantes qu’une petite partie d’une population encore sensibilisée par la fraîcheur des événements a fait circuler sans trop vérifier si celles-ci avaient de quoi de fondé.
Alors que je maniais mon râteau, un individu proche de l’idiot du village m’a raconté qu’un de ses oncles qui disait connaître un gars dont le beau-frère qui travaille pour la compagnie à qui appartiennent les barrages et qui racontait avec l’air sûr que l’un de ces barrages avait été tellement affaibli qu’il risquait de céder dans les prochains jours. L’individu en beurra de façon si épaisse que cela ne pouvait avoir aucune crédibilité à mes yeux et cela ne m’effraya aucunement. Ce qui m’effraya par contre fut de constater que bien d’autres gens ayant été exposés à cette rumeur farfelue l’ont répandue sans même s’être donnés la peine de vérifier les informations contenues dans la rumeur pour voir s’il y avait effectivement quelque chose de fondé qui s’y cachait.
La catastrophe appréhendée n’a pas eu lieu, la rumeur a circulé et a fini par s’éteindre, alors que les barrages ont tenu le coup et le tiennent encore tout aussi solidement aujourd’hui. Nous étions en 1996, internet commençait petit à petit à faire sa place dans nos vies quotidiennes et les réseaux sociaux ne se limitaient qu’à Palace et à IRC.
Imaginez un peu ce que ça aurait été dans notre époque facebookienne et twittérienne. Même fausse, cette rumeur se serait multipliée à la vitesse de l’éclair, semant la peur et l’effroi inutilement chez les populations visées, du moins dans sa partie qui aurait gobé cette information en la croyant comme si c’était une vérité infaillible.
Le même phénomène se produit ces temps-ci concernant le retour – ou non – des Nordiques à Québec. Déjà que les rumeurs de méga-conférence de presse au Colisée de Québec surabondent, il faut en plus qu’on en voit une répétée par le même individu même si elle a été aussitôt vite démentie par les gens concernés, soit la Ville de Québec, Pierre-Karl Péladeau et la Ligue Nationale de Hockey. Mais malgré ces démentis, l’énergumène a persisté et a continué de répandre sa rumeur à laquelle bien peu de naïfs ont embarqué.
Répandre de pareilles choses sans fondement est un suicide relationnel pour celui qui le répand car il perd ainsi toute forme de crédibilité auprès de son public. Il peut même nuire à la cause à laquelle il pense aider en propageant ces ragots. Dans le cas qui nous concerne, cela serait toutefois surprenant, MM Labeaume, Bettman et Péladeau en ayant sans doute déjà vues d’autres bien pires.
Il est désolant de voir ces individus sous le couvert de l’anonymat chercher tant l’attention et tentant d’en obtenir au prix de leur propre crédibilité. Mais la bêtise humaine étant ce qu’est, on ne peut faire que le triste constat qu’internet est devenue son meilleur allié.
Quoiqu’il en soit, l’annonce d’un éventuel transfert des Coyotes de Phoenix vers Québec représente pour tout journaliste le scoop d’une carrière s’il finissait par être le premier à avoir à lancer au public pareille information.
Avant de le faire, un journaliste digne de ce nom va tout de même vérifier ses sources et la solidité de ces dernières. Une fois cela fait, il lance l’information et si celle-ci n’est ni niée ni confirmée, elle a de bonnes chances d’être vraies.
Comme citoyens, nous devons faire la même chose quand nous voyons une information prisée de la sorte ou une autre avant de la retransmettre à nos contacts. Juste prendre le temps d’y penser et de vérifier si c’est vrai. Même si on n’est pas un journaliste de grand nom, on se doit quand même de le faire, juste pour éviter d’avoir l’air fou aux yeux de notre entourage.
Le jour de la grande annonce, je suis convaincu qu’il va commencer comme les autres. Soudainement, une information sera lancée quelque part par un journaliste assez branché. Cette dernière information ne sera ni niée, ni confirmée. Elle fera quand même son chemin et finalement, la convocation tant attendue sera faite et l’annonce tant désirée sera confirmée.
C’est de la fiction, je sais! Mais ça demeure proche de la réalité. D’ici à ce que ça arrive, soyons un peu moins impulsifs et réfléchissons un peu à ce qu’on répand un peu aveuglement sur le Web.
D’accord! Sur Face book par exemple les gens partagent n’importe quoi. La semaine de ci, la semaine de ça qui sont passées depuis 6 mois. Une adolescente en fugue, des questionnaires sans intérêt, des « mets ça sur ton mur si tu oses », des chaînes de promesses de voeux réalisés….OUF!!! Si tout le monde vérifiait la véracité de ce qu’il partage, FB conserverait son but premier.