La loi 101 fête ces jours-ci son quarantième anniversaire de naissance. Si son accouchement a été long et compliqué, son accomplissement s’est avéré être un symbole fort d’affirmation francophone nationale. Maintenant qu’il est certain que le Québec, mon pays, n’en sera jamais véritablement un, je crois que la loi 101 demeure un geste politique fondamental.
En 1977, cette loi qui faisait du français la langue normale dans tout au Québec était perçue comme l’un des premiers gestes devant mener à la naissance du pays du Québec. Quarante ans plus tard, même après que les tribunaux canadiens lui eurent enlevé un peu de mordant et après deux référendums pour l’indépendance qui se sont soldés par des échecs, la loi 101 est ce qui permet au français de survivre dans ce territoire qui est le nôtre.
Mais pour combien de temps cette réalité tiendra-t-elle le coup?
Il ne suffit que de passer un peu de temps à Montréal pour réaliser à quel point notre langue est en danger et jusqu’à quel point la loi 101 n’aurait fait que retarder l’assimilation à la majorité anglophone. Dans de simples gestes du quotidien, on réalise que l’immense barrage qu’est la loi 101 a beau avoir l’air solide quand on le regarde de loin, mais qu’en réalité il se fissure peu à peu et laisse passer à travers ces trous un peu plus de ce qui nous attend plus vite qu’on le pense, et qui finira par se faire presque sans même qu’on s’en soit rendus compte.
Quand j’entre dans un commerce et qu’on me dit « Bonjour! Hi! ». Ou encore pire, « Hi! Bonjour! », je constate un de ces trous.
Quand un Tremblay et un Fournier se jasent en anglais sur leur territoire alors qu’ils sont québécois de souche, le barrage a une fissure de plus.
Quand un Québécois sur Facebook dont la majorité des abonnés sont francophones préfère s’exprimer en anglais, ça fait une autre fissure de plus.
Quand une joueuse de tennis mondial désire qu’on prononce son nom en anglais, comme si ses racines francophones étaient honteuses, ça fait encore une autre fissure de plus.
Il est justement là, le problème. On se déprécie inconsciemment et on valorise l’autre, qu’on aimerait devenir. Et on finira par l’être.
Montréal est une ville de moins en moins francophone, victime du multiculturalisme trudeauien imposé par Trudeau père en 1982, uniquement pour venir à bout du nationalisme québécois, dans les câbles maintenant plus que jamais, vu que les gauchistes multiculturalistes de Québec Solidaire et les baby boomers pressés du Parti Québécois ont transformé le projet de pays en lubie inaccessible qui ne se réalisera que si leurs caprices sont réalisés dans leur totalité.
On craint que le Québec se Louisianise. C’est déjà fait et il est trop tard.