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D’un 2 octobre à l’autre

 

Je suis né le 2 octobre 1976, aux petites heures du matin, une semaine après que ma jeune mère eut célébré son 19ème anniversaire de naissance. C’était un samedi matin, et bien que je sois un authentique bleuet, ma naissance s’est déroulée dans un hôpital de la région de Québec, à Loretteville pour être plus précis.

Je sais bien peu de choses sur mon arrivée en ce monde. Je sais que ma tante Guylaine en a été témoin et que mon père, militaire stationné à Valcartier à l’époque, n’avait pas pu être sur place. Il s’en est voulu longtemps, mais quand la nature décide de nous faire naître, elle se fout bien de savoir qui pourra assister à la scène ou non.

Une trace de cette journée subsiste dans un album de famille, où l’on peut voir un mémo sur lequel on peut lire : « Prévenir le caporal Tremblay que son épouse a donné naissance ce matin à un garçon. »

Le 2 octobre 1986 était un jeudi. J’étais en quatrième année à l’école primaire de mon village et j’étais dans une classe à deux degrés : une quinzaine d’étudiants en quatrième année et autant en cinquième année.

J’avais commencé à m’intéresser au baseball cette année-là. La veille, les Expos avaient disputé leur dernier match local de la saison, subissant la défaite aux mains de Gary Carter et de ses Mets de New York, qui allaient gagner la Série mondiale quelques semaines plus tard. La rencontre du 1er octobre 1986 était présentée à la télévision de Radio-Canada et c’était la dernière fois de l’année que je pouvais regarder mon équipe préférée.

Mais ce jeudi-là, ce n’était pas les Expos qui étaient la vedette de mon anniversaire. Ils étaient en congé avant d’aller entreprendre dès le lendemain leur dernière série de la saison contre les Phillies de Philadelphie. La vedette de mon dixième anniversaire était cette cassette de Madonna qu’on m’avait donné.

J’ai commencé une adolescence d’une vingtaine d’années sur les notes de « Papa don’t preach », l’écoutant à ne plus m’en tanner, jusqu’à ce que mon radio-cassette finisse par manger le ruban cinq ans plus tard.

Aujourd’hui, j’écoute la même chanson dans mon cellulaire et je n’ai plus besoin de cassette…

Au matin du 2 octobre 1996, j’ouvre ma radio et j’apprends la mort de l’ancien premier ministre du Québec, Robert Bourassa, à l’âge de 63 ans.

Il était 7:45 du matin, heure où passaient les nouvelles à la station CKRS, que j’écoutais religieusement le matin, avant d’écouter les hits de l’heure à CJAB pour le reste de la journée.

Je demeurais aux résidences du cégep de Chicoutimi pour la deuxième année consécutive, dans l’appartement L-5024 de la résidence Lemieux, à l’étage des pilotes, surnommé ainsi en raison du fait que les trois quarts des étudiants résidant sur mon étage fréquentaient le Centre québécois de formation en aéronautique. Rattaché au Cégep de Chicoutimi, on y trouve le fameux programme collégial de technique de pilotage, l’un des plus contingentés qui soit. Bon an mal an, près de 1000 demandes d’étudiants sont faites pour y entrer et à peine une cinquantaine d’entre eux y parviennent.

Les étudiants en pilotage sont beaux garçons, mais surtout très snobs, ce qui les rend fort impopulaires parmi ceux de l’étage qui n’étudient pas dans ce programme. Mais j’ai mieux à faire que de leur faire la guerre…

En cette session d’automne 1996, j’aurais dû commencer l’université, mais n’ayant pas encore obtenu les crédits manquants pour l’obtention de mon DEC en sciences humaines. Il ne me restait que neuf crédits à obtenir, donc trois cours. Pour être considéré comme étudiant à temps complet, je me suis inscrit à un quatrième cours, auquel je ne suis pratiquement pas allé, ayant obtenu à la fin de la session un maigre 4% comme note. Désastreux pour une côte R…

Mes cours préférés en cette session sont les mêmes que les quatre autres sessions précédentes : la radio et le journal du cégep.

Je suis un gros ado vedge qui ne se contente que de la note de passage dans les vrais cours et qui fait passer ses matières favorites avant tout le reste, à un point tel qu’il était facile pour quiconque de le retrouver.

Le professeur de sociologie Jean-Marie Tremblay le savait lui. Un jeudi après-midi où j’avais séché son cours, il était venu me trouver dans le local informatique du journal en plein pendant son cours.

Bien fait pour toi, Jean Tremblay.

Lundi 2 octobre 2016. J’habite un petit appartement sur la rue Galt ouest à Sherbrooke, au coin du boulevard de l’Université. Je suis au chômage après un été tumultueux au micro d’une station pour laquelle je n’étais pas prêt à animer.

Sur le coup de minuit, un jeune homme de 22 ans vient me souhaite bonne fête. Le même sur qui j’ai mis tant d’effort pour essayer de le séduire, lui qui n’a jamais été intéressé par moi ni de près, ni de loin, ni de quelque autre façon que ce soit.

Mais c’était bien gentil de sa part. Il avait rencontré quelqu’un avec qui il allait passer au moins les six années qui allaient suivre, mais moi je ne lâchais pas prise et je croyais toujours que j’allais finir par le conquérir.

Le meilleur service que l’on peut rendre à quelqu’un est parfois de laisser la réalité le rattraper, et c’est ce qui a fini par m’arriver vis-à-vis lui.

M’étant installé près de là où il restait, j’ai fini par comprendre aussi qu’à force de s’approcher de ce qui ne veut pas venir, on ne fait que le repousser encore plus loin.

J’ai fini par le perdre de vue, même s’il y a eu de très brèves retrouvailles à deux occasions. Ça ne m’a pas servi de courir après lui, puisque cela ne m’a fait courir qu’à ma propre perte.

Bref, un anniversaire à oublier. Au moins, j’avais une voiture à ce moment précis.

Dimanche 2 octobre 2016. Il est passé 21 heures et je regarde un match pré-saison du Canadien de Montréal. Plus tôt dans la journée, les Blue Jays de Toronto se sont qualifiés pour le match-suicide qui donnera accès à la dernière place disponible en séries éliminatoires. Tout ça pendant qu’à San Francisco, le légendaire Vin Scully faisait la description de son dernier match, mettant fin à une carrière de plus de 60 ans.

Je suis en train d’écrire un texte. Je dois me presser pour le terminer afin de pouvoir le publier à temps pour que les gens puissent le lire. Le temps manque, car je dois prendre l’autobus dans une quarantaine de minutes pour aller travailler.

J’exerce un métier temporaire dans l’espoir d’arriver vers des horizons professionnels plus proches de ce que je suis. J’ouvre des sacs remplis d’argent et je compte ce qu’il y a à l’intérieur, tout ça dans un environnement surveillé par des dizaines de caméras.

Ma quarantaine est débutée déjà depuis quelques heures. Une nouvelle décennie qui s’ouvre. Si d’autres de mon âge sont déjà bien avancés dans leur vie, ayant une maison, des enfants et quelques voyages à leur actif, moi je n’ai rien de tout ça.

J’ai vécu l’errance en pratiquant toutes sortes de métiers depuis la fin de ma carrière en radio. Je vis une vie atypique et j’en suis fier jusqu’à un certain point.

Sauf que moi aussi j’aimerais bien ça ravoir une voiture et voyager beaucoup, mais je n’y parviens pas encore.

Un beau jour, je réussirai. Rien n’arrive pour rien. Toute notre vie durant, nous vivons des choses et nous rencontrons des gens qui peuvent tous avoir un impact sur notre ligne de vie, tout comme nous pouvons faire de même sur la ligne de vie de ces personnes.

Où tout ça me mènera-t-il? Je préfère ne pas le savoir, les choses finissant toujours par se dévoiler une à une quand le bon moment est venu.

D’ici là, que le voyage se poursuive.

Rendez-vous au 2 octobre 2026!

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