Pardonnez-moi mon silence, mais j’en avais besoin. Rassurez-vous, je suis toujours vivant, toujours en bonne santé, enfin j’espère.
Quand j’ai du temps à tuer, j’aime bien me promener. L’été, je le fais à vélo et si je n’étais pas si frileux, j’en ferais aussi en hiver. Cependant, mon moyen de promenade préféré sera toujours l’automobile.
Le problème, c’est que je n’en ai plus depuis le 5 mai 2010. Ce jour-là, cela a fait cinq ans que j’avais acheté ma troisième voiture, qui a été en réalité ma véritable première voiture. C’était une Oldsmobile Alero 1999 que j’avais achetée comptant le jour où j’ai eu quelques milliers de dollars de la Société d’Assurance Automobile du Québec après une victoire contre cette dernière devant le Tribunal Administratif du Québec.
Avec cette voiture, je me suis promené souvent, le métier d’animateur radiophonique que je pratiquais à l’époque l’exigeant. D’ailleurs, peu de temps après, je me suis retrouvé à Rivière-du-Loup pour la poursuite de ma carrière, moi qui revenait à l’époque d’un exil d’un an dans une radio communautaire francophone de Kapuskasing, dans le nord de l’Ontario, un endroit formidable.
Je me souviens du moment où je suis entré pour la première fois à Rivière-du-Loup. J’avais pris le traversier à Saint-Siméon pour la première fois de ma vie et j’avais été enchanté par l’expérience. Aussitôt rendu de l’autre côté du fleuve, ayant beaucoup de temps à tuer, je suis parti sur un coup de tête en direction de Rimouski, que j’allais aussi voir pour la première fois de ma vie. Je voulais surtout essayer l’autoroute 20 dans ce secteur, qui n’est que sur une seule chaussée et qui n’est pas encore reliée au reste de l’autoroute, qui se terminait à l’époque à Cacouna. Elle a été prolongée depuis vers l’Île-Verte.
C’était une journée chaude du printemps et l’arrivée d’un front froid vigoureux avait provoqué de violents orages qui avaient pimenté bien à leur façon mon retour vers Rivière-du-Loup. Mais c’était rien comparé à ce que j’allais vivre une année plus tard, à Stoke, près de Sherbrooke, alors que je m’étais retrouvé en plein coeur d’un orage violent qui aurait pu engendrer une tornade et à l’intérieur duquel il pleuvait à l’horizontale tellement il ventait fort.
Mais pour en revenir à Rivière-du-Loup, disons que j’y ai fait plusieurs randonnées à voiture mémorables, allant flirter avec la frontière américaine à Pohénégamook et allant essayer les nouveaux bouts de l’autoroute 85 au fur et à mesure qu’ils ouvraient. Bientôt, cela formera une seule et belle autoroute qui reliera Rivière-du-Loup au Nouveau-Brunswick.
La construction routière m’a toujours intéressé et j’aimais bien aller essayer les nouveaux bouts d’autoroute dès qu’ils étaient ouverts. En plus de la 85, je l’ai fait aussi dans la Réserve faunique des Laurentides et sur l’autoroute 50 à Lachute.
Puis vint le moment où mon métier d’animateur de radio m’a amené de Rivière-du-Loup jusqu’à Sherbooke, où j’allais vivre ce qui aurait été ma consécration comme animateur. Ce fut hélas tout le contraire. J’étais tombé amoureux d’un type qui ne voulait rien savoir de moi et je n’avais pas la tête à la radio. L’été 2006 a été infernal au niveau professionnel, mais grâce à ma voiture, j’ai pu vivre de bons moments en parcourant en solo diverses routes secondaires méconnues de l’Estrie, essayant aussi les nouveaux tronçons d’autoroute 55, qui subissait à l’époque le même genre de transition que la 175 dans la Réserve faunique des Laurentides, passant de route de la mort à deux voies sur une seule chaussée à superbe route à quatre voies divisées en deux chaussées beaucoup plus sécuritaires.
J’ai adoré Sherbrooke même si cette ville demeure reliée à une étape pas très rose de ma carrière. J’ai aimé sa jeunesse et son dynamisme. J’ai aimé aussi beaucoup sa beauté. Mais j’ai aussi adoré ses orages. Je ne sais pas pourquoi, mais ils m’ont paru plus violents que ceux que j’ai vu ailleurs, donc plus spectaculaires.
Je me souviendrai toute ma vie de cet orage violent que j’avais rencontré en revenant de Stoke, une petite localité située sur la route 216 au nord de Sherbrooke. Ce soir-là, il y avait des alertes d’orages violents et j’avais l’envie d’en rencontrer un. Je me suis ramassé dans un premier temps à Fleurimont, le secteur est de Sherbrooke, pour ensuite aller plus au nord vers le village de Stoke, où l’orage était sur le point de frapper.
J’avais immobilisé ma voiture derrière un commerce pour marcher un peu dans le village, qui semblait désert, un peu comme si tous ses habitants s’étaient cachés. Aussitôt, je suis retourné dans ma voiture et je suis retourné vers Sherbrooke au moment où l’orage commençait à déchirer le ciel de ses éclairs et de ses rideaux de pluie qui étaient presque à l’horizontale tellement le vent était puissant.
Ma voiture avait même un peu de difficulté à avancer pendant que mes essuie-glaces fonctionnaient à plein régime. Peu après avoir fini de traverser l’orage, le calme revint et j’en profitai pour m’arrêter faire le plein à une station-service. Or, l’orage profita de mon arrêt pour me rattraper, et dans une scène presque digne du film « Twister », le vent et la pluie ont repris leur déchaînement pendant que je remplissais le réservoir de ma voiture d’essence. Après avoir terminé, je suis allé payer mon essence tout mouillé, mais avec le sourire aux lèvres, fier d’avoir vécu de façon un peu inusitée ce défoulement de la nature.
Et finalement, l’année suivante je me suis retrouvé à Montréal, où déménager n’a pas été une sinécure. Je me souviendrai toujours d’un voyage de nuit entre Montréal et Sherbrooke, sur l’autoroute 10, dans la purée de pois la plus totale, entre Brossard et Granby, roulant à 50 km/h, ne sachant trop s’il y avait quelque chose devant moi tellement le brouillard était épais. Même les pires tempêtes de neige que j’ai pu affronter à Alma ou à Rivière-du-Loup ne m’ont bloqué la vue à ce point au volant de ma voiture.
C’est un bris au « power steering » qui a sonné le glas de ma minoune, que je n’ai pas encore remplacé à ce jour. Je l’ai vendue 150$ à une « cour à scrappe » de Saint-Constant. Depuis, elle me manque. Cela fait partie de ma nature vagabonde de vouloir me promener, de vouloir sortir de l’île de Montréal.
Je l’ai bien souvent fait à vélo, mais ce n’est pas aussi bien qu’en voiture. Je prie le ciel de faire en sorte que je puisse m’en procurer une bientôt, car je suis mûr pour de nouvelles aventures…