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Moi et Normand L’amour

C’est avec tristesse que j’ai appris mardi dernier le décès du chanteur Normand L’amour, à l’âge de 85 ans, emporté par un malaise cardiaque. Je suivais sa carrière depuis pratiquement son début.

La première fois de ma vie que j’ai entendu du Normand L’amour, c’était à l’automne 1998. J’étais un étudiant en enseignement au secondaire à l’Université du Québec à Chicoutimi, et c’est par le biais de l’émission « Y’a pas de matins sans eux » à CJAB 94,5 FM que j’en ai entendu.

Au départ, j’ai cru que c’était une invention de leurs humoristes. J’y ai cru jusqu’à ce que je me décide d’aller voir au magasin Archambault de Chicoutimi, où le disque de cet artiste que plusieurs considéraient comme un fou se trouvait en poste d’écoute.

Après avoir écouté quelques extraits de ce disque, j’ai été tout de suite troublé, même dégoûté de ce que j’ai entendu, une espèce de musique psychotronique avec une voix fluette et qui parlait de Dieu, de boîtes de tomates vides, de faux bourdons, de poignées de portes et autres sujets inusités que l’on ne retrouve pas dans ce que les autres chantent.

Ça m’a pris plusieurs écoutes pour finalement devenir un grand fan de cet artiste qui est peut-être l’un des rares au Québec à avoir osé créer un univers musical aussi unique et à l’avoir porté ainsi à bout de bras, en dépit de tout ce qui pouvait en faire quelque chose que l’on voudrait rejeter.

C’est ainsi que je me suis mis à faire jouer du Normand L’amour dans mes émissions de radio étudiante à l’UQAC et à en parler dans mes émissions de vraie radio, au grand déplaisir parfois de certains moniteurs de mon école de radio. Juste avant d’aller apprendre à faire de la radio, j’ai fait une première expérience en radio communautaire et c’est là que j’ai fait une entrevue avec Normand L’amour, dont on ne parlait presque plus dans les médias.

Sans ma contribution, peut-être aurions-nous oublié Normand L’amour comme combien d’autres feux de paille? Finalement, en 2002, un ami du nom de Dan Aubut – que j’ai perdu de vue depuis presque dix ans – , l’invite à son émission pour faire une entrevue avec lui à son émission de CIMI-FM, radio communautaire maintenant disparue de la région de Québec. La connexion entre Dan et Normand a été si bonne que le chanteur est devenu chroniqueur à l’émission de Dan. À chaque deux semaines, Normand parlait de sa vie et donnait son opinion sur une foule de trucs, notamment ses progrès aux jeux d’échec sur ordinateur.

Et puis, en février 2004, je convainquais mon collègue de l’époque Sylvain Bouchard, de faire une entrevue avec lui. L’entrevue qui ne devait durer que cinq minutes en dura plutôt quinze et fut l’un des moments les plus bizarres jamais entendus sur les ondes de KYK-FM.

Quelques temps après, c’est au mythique Hôtel Madrid, sur le bord de l’autoroute 20, que Normand L’amour a pu relancer sa carrière et on connaît la suite!

J’ai eu deux moments privilégiés passés avec Normand L’amour. Le premier date du 1er janvier 2005. J’appelle Dan Aubut à Québec pour lui offrir mes souhaits pour la nouvelle année. J’étais à Kapuskasing, en Ontario, et Dan propose de faire une conférence à trois entre lui, moi et Normand L’amour. Et c’est ainsi que Normand L’amour m’a offert ses souhaits pour 2005, qui fut une très bonne année pour moi, la dernière très bonne à ce jour.

Deux ans et demi plus tard, en juillet 2007, c’est au Madrid que je rencontre Normand L’amour pour une première fois en personne. Après les présentations d’usage, Normand m’a vite reconnu et s’était souvenu des moments passés en ondes à CKAJ et à CIMI, quelques années auparavant. Je lui ai acheté un disque de chansons en allemand dans le but de les faire entendre à un ami qui suivait des cours d’allemand.

Il faut dire qu’il se fiait à des traductions douteuses trouvées sur internet pour chanter ses chansons en langues étrangères, mais ça il s’en foutait. C’était ça, Normand L’amour! Un être qui assume qui il est, qui en est fier et qui l’a fait sans compromis jusqu’à la toute fin, qu’on l’aime ou pas.

J’irai même jusqu’à dire que c’est sans doute l’artiste le plus authentique que nous avons connu au Québec, un espèce d’Arthur Villeneuve de la chanson, qui assumait la naïveté de la pratique de son art, et qui savait s’en servir pour créer quelque chose d’unique que seul lui pouvait créer.

C’est ça que Normand L’amour nous a enseignés dans son passage sur terre. Créons comme nous voulons créer, n’ayons pas peur de ce que les autres en diront et assumons-le jusqu’au bout sans compromis. C’est par cette attitude qu’il est devenu un géant à sa manière.

Je ne l’oublierai jamais.

Merci Normand!

Voici sa fiche nécrologique

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