Lundi 24 juin 2019. Il est 20 h 34 en ce soir de la Saint-Jean. Une Saint-Jean bien particulière, car cette journée-ci est bien plus qu’une journée de fête nationale comme les autres : c’est la journée choisie par le premier ministre Pierre-Karl Péladeau pour tenir le troisième référendum sur la souveraineté.
Mais le cœur est loin d’être à la fête dans le Centre Paul-Sauvé, où le comité du Oui tient son rassemblement. Peu de temps après la fermeture des bureaux de scrutin, les premiers résultats sont catastrophiques pour les troupes qui ont milité intensément au cours des dernières semaines en vue du référendum tenu aujourd’hui. « Ne paniquons pas! Ce ne sont que les premières boîtes. La tendance va se renverser à notre faveur » disent les plus optimistes parmi la foule.
Mais cet optimisme ne durera pas. À 20 h 20, le camp du Non prend une avance qui s’accentue de façon irrémédiable, si bien qu’à peine dix minutes plus tard, le réseau TVA annonçait en premier, suivi après par les autres réseaux, que si la tendance se maintient, le Québec dira Non pour une troisième fois à la souveraineté par un score encore plus humiliant qu’en 1980.
Pendant qu’un déluge de larmes menace d’inonder le Centre Paul-Sauvé, le premier ministre Péladeau, flanqué de ses ministres-vedettes Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Jean-Martin Aussant, de l’ancien premier ministre Bernard Landry et de son épouse Julie Snyder, concède la victoire au camp du Non et annonce qu’il quitte la politique pour retourner auprès de son menton mentor Brian Mulroney.
Si les faces sont longues au Centre Paul-Sauvé, c’est tout le contraire à l’hôtel Reine-Élizabeth, en plein centre-ville de Montréal, où le camp du Non tient son rassemblement. Le chef du camp du Non, le premier ministre Phillipe Couillard, célèbre sa victoire aux côtés de Françoise David. Juste à côté, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, prononce un discours enflammé flanqué de Stéphane Dion, Manon Massé, Thomas Mulcair et Amir Khadir, qui écoutent religieusement et applaudissent à tout rompre le cochef du camp du Non à chaque temps mort. Plus loin dans la salle, on peut même reconnaître Marc Laviolette danser sa joie avec Sheila Copps, qui est sortie de sa retraite politique pour combattre le projet séparatiste.
C’est un 24 juin qui marquera à jamais l’histoire. Pendant que le camp du Oui pleure sa défaite, le camp du Non fête la mort d’un projet de pays que certains ne voulaient pas voir exister s’il était le moindrement de droite.
Fin de l’essai de politique-fiction. Début de reprise de contact avec la réalité.
À voir aller les gauchistes depuis l’élection de Péladeau à la tête du Parti Québécois, il me vient juste envie de leur demander s’ils le veulent leur pays ou s’ils ne le veulent pas. Ils démonisent tellement tout ce qui est un peu à droite qu’ils menacent de se transformer en fédéralistes pour empêcher la naissance de ce pays dont ils veulent pourtant qu’il finisse par exister autrement que dans leurs rêves.
Je ne suis pas membre du Parti Québécois. Je ne le serai d’ailleurs jamais. Je ne suis pas membre de Québec Suicidaire Solidaire non plus ni d’Option Nationale non plus. J’ai moi-même beaucoup de réserves sur Pierre-Karl Péladeau, mais jamais au point de me transformer en fédéraliste d’obstruction.
En 1995, Jacques Parizeau a attribué à l’argent et au vote ethnique la défaite du Oui. Si la tendance se maintient, Péladeau – ou celui qui lui succèdera si le PQ ne le dévore pas tout rond d’ici-là – attribuera plutôt la défaite à sa gauche en 2019.
Et on verra Françoise David trinquer avec Stéphane Dion…