De retour aujourd’hui à Montréal, j’ai décidé de prendre une pause de quelques heures entre mon départ du Saguenay et mon arrivée chez moi, le temps de renouer avec cette ville dans laquelle je suis né et dans laquelle j’y ai vécu une année universitaire pas très glorieuse il y a de ça presque une vingtaine d’années.
La beauté quand on voyage par autocar du Saguenay vers Montréal, c’est que l’on peut prendre un temps d’arrêt dans la Vieille Capitale pour y passer le temps que l’on veut et d’attraper le premier départ vers Montréal quand on a décidé qu’on en a assez vu. Je suis arrivé ce mercredi matin 6 mai 2015, vers 11 heures et demie, et j’ai décidé que Québec serait bien plus qu’un simple arrêt-pipi en attendant sa correspondance vers Montréal.
Il faut dire que Québec mérite beaucoup mieux que ça. Je suis souvent passé par Québec sans m’y arrêter ces dernières années, n’ayant personne chez qui demeurer depuis que j’ai découvert que l’ami chez qui je pouvais le faire n’était pas un ami. N’ayant pas l’argent pour me payer une chambre d’hôtel, j’ai décidé de me payer un billet de transport en commun bon pour l’ensemble de la journée, me laissant voguer au rythme de mes inspirations du moment, me permettant de vivre chaque instant passé dans cette si magnifique cité en attendant de retourner dans la quiétude de Montréal pendant la soirée.
Premier arrêt de cette escapade : l’Université Laval. De la fin de semaine de la mort de Lady Di, à la fin du mois d’août 1997, jusqu’au début du mois de mai suivant, j’ai vécu dans une résidence de cette université, la plus vieille des universités francophones en Amérique du Nord, si ce n’est pas non plus la plus vielle de toutes les universités du continent, toutes langues confondues.
L’autobus me laisse à l’entrée du Centre sportif de l’Université. Aussitôt engouffré à l’intérieur de ce dernier, je décide de remonter le long réseau de corridors souterrains qui relie entre eux les différents pavillons de l’Université, véritable ville dans la ville, avec ses milliers d’étudiants et de professeurs répartis sur ce vaste campus.
Les murs des corridors souterrains de l’Université Laval sont remplis de dessins eux-mêmes remplis d’histoire. C’est toujours bien plus agréable à voir que le gris du béton qui se cache juste derrière. Ce long corridor qui part du PEPS – le véritable nom de ce pavillon sportif – me rappelle un souvenir tout autre que celui d’une olympiade de concentration.
C’était un mercredi après-midi de septembre 1997 où j’étais allé nager dans la magnifique piscine du PEPS. Après la natation, j’étais allé prendre un bain sauna. À cet endroit se trouvait un vieux dégueulasse qui avait sans doute trois fois mon âge, moi qui n’avait que vingt ans à l’époque. Il était nu et semblait avoir plaisir à regarder le mien, qui était nu aussi, même si je n’avais rien de ce Justin Bieber dont nos oreilles étaient encore bien loin de la torture auditive qu’il nous impose.
Le vieux dégueulasse s’est mis à bander devant moi et ne cachait aucunement son érection. Étant fort mal à l’aise de voir un homme aussi vieux et aussi laid s’intéresser à moi, je suis sorti du sauna, pris ma douche et décidai de me rhabiller afin de retourner chez moi. Sauf que le vieux dégueulasse avait décidé la même chose et avait commencé à me suivre dans le long corridor.
Heureusement, je commençais à connaître assez bien le système de corridors souterrain pour le semer alors que je m’étais mis à courir dans le corridor. Étant beaucoup plus jeune que le vieux débris qui semblait à bout de souffle, je profitai du fait que deux corridors rencontraient celui dans lequel nous circulions pour m’engouffrer rapidement derrière une allée de casiers où je suis resté pendant quelques minutes, le temps de m’assurer que le laideron ne soit pas dans les alentours.
Les corridors souterrains de l’Université Laval ne sont pas les seuls endroits sur le campus qui m’ont ramené des souvenirs. Je suis allé dans le pavillon où je résidais, le H. Biermans – R. Moraud, où je demeurais dans la chambre 3373. J’ai fait le chemin jusqu’à cette chambre. Les choses n’y ont pas trop changé. Les murs sont toujours aussi blancs, avec un peu de vert. Rien d’extraordinaire…
Je n’ai pas osé frapper à la porte de mon ancienne chambre. Je doute fort cependant qu’elle ait changé. Elle était toute petite, avec un lit, un comptoir, un garde-robe et un peu d’espace pour ranger de la vaisselle. Rien d’extraordinaire là-bas non plus…
Ensuite, le pavillon Desjardins, épicentre de la vie étudiante, là où ça se transforme en gigantesque discothèque le jeudi soir. Je n’y suis jamais allé à l’époque. Je le regrette encore aujourd’hui. Dans l’année que j’ai passée là-bas, j’ai assisté à quelques tournages d’émission de télé qui ont été faits là-bas : « La tête de l’emploi » avec Véronique Cloutier et un épisode de « Christiane Charrette en direct ».
Je me souviens surtout de la fois où j’ai essayé de faire de la radio à CHYZ, la radio étudiante de l’Université. J’étais allé y enregistrer un démo dans lequel je parlais d’un site internet dont j’avais pris l’adresse dans un numéro de Safarir. C’était une adresse GeoCities, avec des barres obliques et des numéros à la tonne. Pas très extraordinaire comme intervention, CHYZ ne m’a jamais rappelé. Je ne me serais même pas rappelé moi-même, d’ailleurs…
J’ai bien dû marcher une bonne heure et demie sous ce campus et son labyrinthe de corridors souterrains, fort pratiques en hiver puisqu’il permet à tout le monde de voyager d’un pavillon à l’autre sans avoir à subir les contrecoups des intempéries hivernales. Cela permet aussi de garder la forme.
J’ai passé le reste de ma journée à Québec à la sillonner dans ses autobus de ville. Las d’être pris dans le trafic et confronté au fait que j’ai une entrevue demain pour un job alimentaire, j’ai décidé de ne pas aller dans le Vieux-Québec et de retourner à la Gare du Palais pour y prendre l premier autobus vers Montréal.
Alors que je m’approchais de la Gare, je voyais au loin cet immense détecteur de fumée qui servira de patinoire dès cet automne. Et c’est à ce moment précis que je deviens sans mot.
Vite, il est temps que je rentre chez moi, même ma plume est fatiguée!