Le détecteur de fumée (autre billet nordique)

Le journaliste Michel Hébert, du Journal de Québec, a trouvé le comparatif idéal à ce nouveau Colisée qui émerge des profondeurs de Limoilou, le résumant à un vulgaire détecteur de fumée.
C’est pourtant ce à quoi il ressemble ce nouvel amphithéâtre, dans lequel finalement n’aura lieu que du hockey junior, un spectacle de temps en temps, le tournoi de hockey pee-wee et quelques autres éparses manifestations ayant plus ou moins rapport avec le hockey, à moins que l’improbable ne survienne et qu’une concession de la LNH aboutisse dans la Vieille Capitale via une expansion ou un transfert.
Mais je doute fort que cela survienne, du moins à court terme. Gary Bettman se fout de Québec et du Canada. Lui qui n’a pu empêcher un transfert d’Atlanta vers Winnipeg en 2011 ne semble pas du tout intéressé à revivre pareille expérience. On se souvient encore de la face d’enterrement qu’il affichait lors de la conférence de presse annonçant le retour du grand cirque de la LNH dans la capitale manitobaine après quinze ans d’absence.
Malgré un paquet de concessions insignifiantes et moribondes dans le sud et l’ouest des États-Unis, celui qui est commissaire de la LNH depuis 22 ans pense encore que l’avenir de son sport passe par des endroits où le hockey est moins populaire que le basketball, la tire de tracteur ou le macramé. Bref, l’histoire est connue et il est inutile jusqu’ici de continuer plus loin.
Las Vegas et Seattle auront une équipe bientôt. Québec, rien n’est plus incertain que maintenant, d’autant plus que le dollar canadien commence à baisser par rapport à la devise américaine.
Soyons clairs sur une chose : j’ai encouragé les Nordiques de façon fidèle et soutenue durant toutes leurs années d’existence, autant dans les moments forts que pendant les plus misérables saisons.
J’avais 18 ans, le 25 mai 1995, quand le transfert des Nordiques vers le Colorado a été annoncé. J’en ai eu le cœur brisé pendant longtemps. Déjà que mon cœur d’amateur sportif avait déjà été gravement peiné le 12 août précédent, quand la fameuse grève des joueurs de baseball avait mis fin à la saison de rêve de mes Expos, qui n’étaient plus l’ombre de ce qu’ils étaient la saison précédente.
J’ai grandi. Je suis passé à autre chose. J’ai tourné la page. Je ne crois pas que le nouveau Colisée sera un éléphant blanc, l’actuel étant déjà désuet depuis trop longtemps. Mais investir tout cet argent pour quelque chose qui n’arrivera peut-être pas me laisse un peu l’impression d’une éléphantesque montagne qui accouchera finalement d’une souris mort-née.
Que les Nordiques revivent ou non, cela ne changera pas grand-chose dans ma vie. S’ils revivent, je festoierai et crierai ma joie partout. Mais je ne serai pas le partisan que j’étais à l’époque. J’étais enfant et adolescent à l’époque des premiers Nordiques. Maintenant, je suis un adulte à l’aube de la quarantaine qui est passé à autre chose depuis longtemps, qui demeure à Montréal et qui commence à aimer le Canadien.
Je me suis donc fait à l’idée que les Nordiques n’allaient pas revenir au monde, sachant très bien que je peux toujours me tromper. Qui sait si ces manœuvres de Bettman ne sont dans le fond qu’un écran de fumée derrière lequel se cache un transfert éventuel d’un de ces nombreux canards boiteux qui survivent tant bien que mal au sud des États-Unis?
J’aimerais bien y croire, mais je préfère ne pas être naïf comme ces gens que je vois sur les réseaux sociaux qui véhiculent toutes sortes de cancans tous aussi irréalistes que surréalistes, du genre « Bettman, déménage donc les Islanders à Québec », alors qu’on sait très bien que l’équipe va quitter son vieil aréna miteux de Long Island pour un autre plus moderne situé à Brooklyn, dans la même région.
Il y a de ces gens pour qui le retour des Nordiques ressemble un peu à ce qu’est la souveraineté du Québec pour un vieux péquiste enragé. Pas moyen de discuter avec ces gens-là tellement ce qui alimente le cœur de leur vie les rend insupportables…
Je leur dis tous : « Get a life you, Nordiques Nation member! »