Il m’arrive parfois d’avoir des élans de fédéralisme. Et quand ça m’arrive, je préfère laisser aller le tout en l’extériorisant à travers ce que je fais. Et comme ce que je fais présentement, c’est de l’écriture. Ça sera donc à travers cet écrit que sera ressenti le fruit de la dernière poussée de sève fédéraliste qui me pousse en toute canadianité dans l’esprit et dans mon cerveau.
Rebaptiser le pont Champlain en Maurice Richard. Quelle honte! Quelle mauvaise idée!
Je crois qu’il aurait fallu donner à cette nouvelle infrastructure le nom d’une personnalité importante dans notre si chéri Canada, celle de la reine Élizabeth II.
Élizabeth, c’est une reine d’envergure qui mérite d’avoir un pont à côté d’un autre nommé en l’honneur d’une des précédentes reines qui ont régné sur le Commonwealth que nous aimons tant, Victoria, qui a été au pouvoir pendant 64 ans. Élizabeth vient de franchir sa 62e année de règne, et je pense que baptiser un nom en son honneur l’encouragerait à durer encore un bon deux ou trois ans de plus, question qu’elle écrive son nom dans le livre des records Guiness comme le plus long règne d’une reine.
En plus d’avoir son pont à côté de Victoria, Élizabeth aurait aussi le sien à côté d’un autre baptisé en l’honneur de l’avion qui l’a amenée ici en 1992 pour fêter les 125 ans de notre si beau Canada, le Concorde.
Voyager en classe moyenne sur Air Transat, ce n’est pas bien pour notre belle reine adorée. Non! Il fallait la faire venir en Concorde de British Airways pour ne pas trop la fatiguer de cette traversée transatlantique qu’on lui a imposée. Après tout, on ne voulait pas juste lui faire manger des Joe-Louis pour fêter le pays, on voulait surtout l’avoir pour ratifier l’accord constitutionnel de Charlottetown, pensant que le Québec allait s’affaisser et que tout le monde lui dirait oui comme si de rien n’était, anglophones, francophones comme autochtones. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Saint-Robert-Bourassa s’est affaissé, mais le bon peuple a dit non à cette entente. C’est le seul référendum que les traîtres de souverainistes ont gagné, ces maudits briseurs de pays qui méprisent notre si belle reine, plus belle que n’importe quelle autre reine au monde, même la reine des bas prix!
Il y a déjà plein de choses qui portent le nom de Maurice Richard. Un aréna, une autoroute, un trophée. Il n’y a rien pour notre belle Élizabeth, à part un hôtel cher du centre-ville de Montréal et un maudit bon gâteau que plein de monde cuisine et mange sans même penser à celle qui donne son nom à cette pâtisserie de petit peuple.
Sachez que la cassonade, la noix de coco et les dattes contenues dans ce gâteau faisaient partie des items que le bon dominion importait de ses colonies pour nous alimenter, ce cher dominion londonien qui tenait tellement à nous, petit peuple francophone gentil et soumis, comme des moutons dociles et sans rébellion.
Élizabeth mérite donc d’avoir un pont en son honneur, ce qui est pas mal plus qu’un hôtel trop cher pour le petit peuple et un gâteau mangé par ce petit peuple trop petit pour qu’Élizabeth se sente digne d’avoir sa face sur les 20 $ qui se retrouvent parfois dans leur portefeuille.
Mais ce n’est pas tout! Pont Élizabeth II n’est pas assez fort pour lui rendre hommage! Il faut faire exactement comme Stephen Harper a fait de notre armée et baptiser la nouvelle structure « Pont royal Élizabeth II ».
Un tel nom royal garantira au nouveau pont d’être encore plus solide, car il bénéficiera de la protection royale et sainte de notre très dévouée reine qui, lorsqu’elle se sera mise à manger des pissenlits par la racine, rajoutera de sa présence divine aux automobilistes qui se sentiront rassurés de traverser le fleuve en bénéficiant d’une telle protection, quoiqu’il advienne!
Alors, faisons bloc et contestons cette décision de nommer ce pont en l’honneur d’un type pour qui aucun gâteau n’existe et dont la face ne se retrouve sur aucun billet de banque. Vive Élizabeth II! Vive l’hôtel Reine-Élizabeth! Vive le gâteau Reine-Élizabeth! Vive le pont royal Élizabeth II!
Fin de la crise de fédéralisme.
Retour à l’état normal.
Qu’a-t-on bien mis dans mon café?