Samedi matin dans le quartier Rosemont, mère patrie de Jean-François Lisée, l’un des candidats les plus probables à la prochaine – carnavalesque? — course à la chefferie du Parti Québécois. Si Lisée est élu chef du PQ et que je demeure encore longtemps dans son comté, ça va faire un chef de parti de plus que j’aurai comme député, moi qui ai eu Lucien Bouchard comme député fédéral de 1988 à 1996, Mario Dumont comme député provincial pendant l’entièreté de mon escapade en sol louperivois, de mai 2005 à juin 2006, ainsi que Jean Charest comme député provincial pendant l’entièreté de mon séjour peu glorieux quoiqu’agréable à Sherbrooke, de juin 2006 à la fin août 2007.
N’empêche, je n’avais pas envie de vous parler de péquisteries ni de politicailleries en ce samedi matin tristounet d’octobre. Il pleut à grosses gouttes ici, et la température est quand même agréable, assez pour se permettre de sortir dehors en culottes courtes pour la dernière fois en 2014, à moins que ne se présente une poussée de chaleur tardive comme ça s’est déjà vu par le passé.
Je vous parlais en guise d’ouverture de mon passage dans le fief de Jean Charest. Or, en novembre 2006, il avait fait 20 degrés pendant deux jours dans les derniers jours du mois. Ayant commencé à travailler au début du mois au Archambault de la place, j’avais fait une marche en t-shirt un jeudi soir pendant cette période de douceur inhabituelle pour ce temps-ci de l’année. Je demeurais dans un petit appartement situé dans un bloc localisé près de l’Université de Sherbrooke, au coin de la rue Galt Ouest et du boulevard de l’Université. J’étais allé me balader sur la rue Denault, parallèle à la rue Galt Ouest, sur laquelle j’habitais. Il était presque dix heures du soir et je marchais cette rue calme jusqu’à ce que je décide de regagner ma rue en empruntant une artère perpendiculaire. Au coin de cette rue et de la rue Galt se trouve un autre bloc dans lequel demeurait ce jeune homme sur lequel j’avais un béguin depuis mon arrivée à Sherbrooke.
Ah! L’amour rend aveugle! Et je l’étais bel et bien! Aucun chien Mira n’aurait pu me venir en aide à cette époque. Je pensais qu’il me verrait de sa fenêtre. Il ne m’a pas vu, comme d’habitude. Il était déjà avec un autre à ce moment, et il a fait un sacré bout de chemin avec lui, preuve de plus que je n’avais pas trop ma place dans sa vie, chose qui était déjà fort évidente à l’époque, sauf que je le vois maintenant, en 2014, avec le recul. Étant aveugle de cœur à ce moment précis, je ne voulais pas voir la réalité en pleine face, me racontant des mensonges à moi-même pour alimenter cette réalité artificielle dans laquelle je vivais, et qui a bien fini un jour par s’estomper, peu à peu, un peu comme ces élans de chaleur automnale.
Celui que l’on a aujourd’hui n’en a plus que pour quelques heures, car un afflux d’air froid rééquilibrera les choses en fonction de ce qu’on est en droit de s’attendre à nos latitudes à ce temps-ci de l’année. La chute sera brutale. Ainsi va notre automne, alors que les masses d’air chaud qui nous réchauffaient le moral pendant ce bref été que nous avons doivent combattre avec l’air froid, tenace et invasif qui s’impose et avec qui on doit réapprendre à vivre.
Cela peut faire peur, mais l’hiver n’est pas si loin que ça. Déjà, les premiers flocons de la saison sont tombés à certains endroits alors que ce n’est plus qu’une question de temps avant que ceux-ci ne fassent leur première tombée aux endroits où cela ne s’est pas encore produit.
La première neige ne reste jamais. Elle sert un peu comme un coup de semonce, comme un précurseur de tout ce qui tombera dans les mois qui vont suivre. Elle fond vite. La deuxième neige aussi ne reste pas longtemps, mais il arrive qu’elle reste. Il ne suffit que d’une tempête et d’un bon dix centimètres de neige pour qu’on dise que l’hiver est installé, même si la date officielle de l’arrivée de l’hiver n’est que le 21 décembre.
Si certains sacrent à la vue de ce premier manteau blanc, son arrivée soulève encore en moi un certain émerveillement, comme quand j’étais enfant et que j’attendais que mon père arrive du travail. Un beau jour où je devais bien avoir quatre ou cinq ans, les deux sont arrivés presque en même temps. La première neige et le papa. Un beau moment d’enfance.