Fin de soirée du 15 août 2014. Je suis à l’Aéroport international Pierre-Elliot Trudeau, et j’écris. J’aime cet endroit, car il m’inspire sans trop que je ne sache pourquoi. Ça doit être ma passion pour les avions. Ben oui, c’est ça!
Mais voyez-vous, au lieu d’être au stationnement étagé à contempler le départ du magnifique Boeing 777 de Qatar Airways pour le plus long vol possible pour le moment à partir de Montréal, destination Doha, capitale du Qatar, petit pays situé dans le golfe Persique, je suis assis juste à côté du Tim Horton’s, où je me suis acheté un petit café corsé pour me permettre d’être productif en cette fin de soirée où je commence à cogner des clous.
Étant en plein blogue-au-thon qui me contraint à publier un texte par jour, je réalise qu’il ne me reste à peine qu’une heure pour produire mon texte du jour. Voulant souligner le premier anniversaire de mon utilisation d’un iPhone 5, j’ai décidé d’emprunter une technique d’écriture propre à une de mes influences principales : Honoré de Balzac.
Notre cher Balzac, tout comme votre humble serviteur, a toujours vécu dans les problèmes financiers. Il a même fait faillite à deux occasions, chose que je n’ai pas l’intention de faire ne serait-ce qu’une seule fois. Cela le poussait même à travailler à deux emplois, même à se déguiser pour ne pas être harcelé par ses créanciers, et à écrire le reste du temps. Pour combattre la fatigue, il ingurgitait des litres de café à profusion et se nourrissait de sandwiches au poisson, généreusement tartinées de beurre. Avec un tel régime alimentaire, Balzac s’est vite mis à faire de l’embonpoint et ce rythme de vie a sans doute contribué à sa mort précoce, à l’âge de 51 ans seulement.
Or, je n’ai pas deux emplois – ça serait ma mort – et je me nourris modestement et bouge régulièrement. Donc, à moins que la grande main invisible du destin en décide autrement, je devrais vivre plus vieux que notre cher Balzac.
Et l’iPhone 5, lui?
Ça fait un an aujourd’hui que j’en ai fait l’acquisition. Bien que je n’en ai pas regretté l’acquisition – sauf pour quelques trucs dont je vous parlerai plus tard —, je ne me suis jamais tant ennuyé de mon vieux téléphone à fil rouge acheté en 1995 dans une boutique de Place du Royaume, à Chicoutimi, à l’âge de 18 ans, alors que je m’apprêtais à emménager dans les résidences du Cégep de Chicoutimi, téléphone que j’ai toujours, d’ailleurs!
En 1995, mon téléphone à fil rouge accumulait la poussière dans ma petite chambre, sonnait quand on voulait me rejoindre, et m’aidait à rejoindre du monde quand c’était nécessaire. Il n’avait pas la possibilité de jaser par vidéo avec quelqu’un, ni d’applications qui lui grugent son énergie, ni de contrat attrape-nigaud qui te permet de l’avoir tout de suite pour moins cher pour ensuite le repayer sur chacune de tes factures parce que tu as pris un de ces contrats, qui ont fini par charger ta carte de crédit – en plus des effets d’une grève et d’une mise à pied —.
Mon téléphone ne me permettait pas par contre d’écrire des textes et d’inciter du monde à les lire. J’écrivais déjà en 1995. C’était publié dans le Journal la Grenouille, au Cégep de Chicoutimi. On avait la sainte paix avec ces gadgets, étant déjà high-tech avec notre gros Mac aussi lent qu’un fonctionnaire provincial, relié au reste d’internet par une connexion par modem téléphonique avec Internet Saguenay.
Quand j’étais dans le local de la radio étudiante, dont j’étais aussi membre, local qui se trouvait juste en dessous de celui du journal, et dont le téléphone était branché sur la même ligne. Il m’arrivait parfois de décrocher l’acoustique et d’entendre des sons qui ne ressemblaient en rien à la tonalité téléphonique habituelle. Cela sonnait comme des bruits d’extra-terrestres annonçant leur venue sur terre. Après quelques secondes de ce drôle de tintamarre, je raccrochais le téléphone. Et comme par magie, dès que je décrochais, j’entendais la tonalité normale du téléphone sans savoir que j’avais fait planter la connexion à internet de mes collègues du journal.
C’était ça, les débuts d’internet. On appelait ça aussi l’autoroute électronique. Ça pouvait prendre des heures télécharger un film de dix secondes, en coupant sa maison du reste du monde, la ligne téléphonique monopolisée par internet, qui passait par le téléphone dans le temps…