Fin avril 2000, je me suis retrouvé à Portneuf chez un ami virtuel que j’avais à l’époque et que j’ai perdu de vue aujourd’hui. J’avais 23 ans et lui 20. C’était le dernier dimanche de ce mois qui avait été frisquet. Ma tante Suzanne venait de mourir, et j’étais en voyage chez des amis à Québec, pas très loin du Portneuf de mon autre ami. J’étais arrivé le matin par l’autobus et je suis retourné à Québec le soir même également en autobus.
Nous avons fait toutes sortes d’activités ensemble, nous avons marché dans les rues de son village, nous avons vu des films et mangé de la pizza, mais il m’a aussi tiré aux cartes, moi qui est toujours demeuré très sceptique vis-à-vis ce truc. Pourtant, il y avait dans ses prédictions quelques trucs qui se sont concrétisés pour vrai, dont l’accident qui allait passer proche de me coûter la vie un mois plus tard.
Il m’a prédit aussi que j’allais vivre vieux, riche et que j’allais voyager beaucoup!
Si j’ai voyagé beaucoup pour mon métier d’animateur de radio – qui n’allait être que temporaire dans ma vie, selon lui —, je n’ai pas encore la richesse, ni voyagé beaucoup à mon goût. Pour ce qui est de vivre vieux, disons que je m’arrange pour que ça arrive, malgré quelques excès – après tout, qui n’en fait pas? —.
Je regarde ma situation professionnelle et financière actuelle, et je me demande bien où est la richesse et quand elle viendra. Et c’est là que je deviens optimiste, me disant qu’à force d’essayer des trucs, je finirai bien par trouver le filon qui me permettra enfin d’être celui que j’espère être et ce sur quoi je travaille depuis quelques années déjà.
Une fois que ce sera chose faite, je pourrai enfin me permettre d’être dans ces avions que j’aime bien voir survoler ma ville quand ils viennent de décoller ou quand ils s’apprêtent à atterrir à l’Aéroport international Pierre-Elliot Trudeau, à Dorval, à l’autre bout de la ville.
Dans nos vies, nous sommes un peu comme ces avions qui arrivent et partent à tout moment de la journée et de la nuit. Nous devons commencer d’abord par courir contre le vent qui veut pourtant nous en empêcher, et le faire assez vite tout en continuant d’accélérer jusqu’à ce que l’air puisse être capable de supporter la lourdeur de notre carcasse, et ensuite augmenter encore la cadence pour atteindre l’altitude idéale et la vitesse de croisière requise pour le bon déroulement de notre aventure.
Ce qui m’impressionne dans chaque décollage d’avion, c’est que c’est une victoire du génie humain sur les lois de la physique. Ou plutôt une façon que le génie humain a trouvée pour lui permettre de voler comme les oiseaux.
Pendant des millénaires, l’homme a essayé sans succès de voler. Ce n’est que grâce aux Frères Wright à la fin du dix-neuvième siècle que la combine idéale fut trouvée. Au fur et à mesure que la technologie a avancé, l’aviation a évolué et aujourd’hui, l’avion est un moyen de transport encore plus sécuritaire que l’automobile!
Hier, j’ai eu l’agréable surprise de revoir un Airbus A380, l’un des plus gros avions du monde. Peint aux couleurs d’Emirates, la compagnie aérienne nationale des Émirats Arabes Unis, l’appareil effectuait la liaison Dubaï-Toronto lorsque des orages violents dans la région torontoise l’ont contraint à atterrir à Montréal momentanément, le temps que les orages se calment.
Je discutais avec une voisine lorsque j’ai vu cet impressionnant pachyderme faire son approche, et ait pu le voir passer lentement, admirant son physique à la fois lourdaud et élégant. Cela fait presque deux ans que cet appareil n’était pas venu chez nous, la dernière fois remontant à octobre 2012, date où Air France a décidé de ne plus envoyer ses Airbus A380 à Montréal pour des questions de rentabilité. Sachant qu’on ne reverra pas cet appareil de sitôt, j’ai profité de chaque seconde où j’ai pu le regarder pour l’immortaliser dans ma mémoire.
Cet appareil me fait rêver. Juste à le regarder, on se demande bien comment il fait pour voler. Pourtant, il y parvient, comme tous les avions. À l’aéroport, les avions atterrissent et décollent toujours contre le vent, question de faciliter leur envol. C’est ainsi qu’il faut percevoir les difficultés que l’on croit nuisibles, mais qui, à l’instar des avions, ne sont là que pour nous aider à finir par nous faire prendre notre envol.
Alors, continuons! Cet ancien ami de Portneuf aura peut-être raison dans cette prédiction aussi! Après l’avoir perdu de vue quelques années, je l’ai retracé quand j’étais à Sherbrooke. Il était devenu massothérapeute et avait cessé de tirer des gens aux cartes. Il demeurait dans la région de Québec. Je l’ai de nouveau perdu de vue…