Matin pluvieux de fin juillet dans le rang 2 de Saint-David-de-Falardeau. C’est frais, humide et les oiseaux chantent dans ce rang où j’y ai passé mon enfance et mon adolescence, une route rurale qui n’a rien comme les autres depuis qu’un zoo y a ouvert ses portes.
En avant de chez moi vit Hélène, une coiffeuse qui sait manier la moissonneuse-batteuse quand je me présente à son salon avec ma chevelure épaisse dont j’ai perdu le contrôle. Arrivé dans la maison familiale de mon enfance tard jeudi soir, je suis allé dans ce salon de coiffure pour reprendre le contrôle sur ma tignasse. Occupée tout comme le vénérable Raymond, propriétaire du salon, Hélène m’a proposé de me faire couper les cheveux par un apprenti barbier, ce que j’ai accepté.
Avant de couper des cheveux, cet homme sympathique coupait du fer avec des instruments beaucoup plus gros et plus forts que ces ciseaux et rasoirs qui sont devenus ses outils de travail. Il a fait du très bon travail et sa collègue Hélène, en venant jeter un coup d’œil au travail de son apprenti tout en rajoutant sa touche personnelle à son travail tout en lui prodiguant quelques conseils qu’il écoutait avec attention.
Une fois la coupe de cheveux terminée, j’ai eu un brin de jasette avec Hélène qui m’a raconté une anecdote qui traduit une fois de plus la transformation que subit le rang de mon enfance depuis qu’un jardin zoologique y a ouvert ses portes.
Hélène m’a raconté qu’en soirée, alors qu’on entend au loin siffloter des ouaouarons, hurler des loups et japper des chiens, on peut remarquer qu’un instrument insolite s’est rajouté à ce concert que l’on entend les soirs d’été dans notre rang : les grognements des lions du zoo!
Avouez que ça fait bizarre d’entendre ces bruits en pleine forêt saguenéenne, alors qu’on les entend plutôt au cœur des jungles africaines.
On ne trouve pas ça ailleurs, et c’est pour ça que mon petit rang fourmille d’activité chaque jour, attirant plus de 1000 visiteurs quotidiennement. Un beau cheminement pour cette petite entreprise partie de rien et qui est maintenant capable de faire la barbe à son concurrent de Saint-Félicien, qui commence à regretter d’avoir abandonné les lions, tigres et chameaux au profit des ouaouarons, mouffettes et ratons laveurs de notre faune de tous les jours. Plusieurs préfèrent venir dans mon rang plutôt qu’aller à l’autre bout de la région pour être en contact avec des animaux, dont certains qu’on ne peut apercevoir ici.
Quand on tient sa clientèle pour acquise et qu’on s’assoit sur ses lauriers, le réveil est toujours brutal quand un concurrent sérieux vient jouer dans nos plates-bandes. Le Zoo de Saint-Félicien vient de s’en rendre compte…
Marcher dans les bois a toujours été une expérience charmante. J’aime bien le faire tôt le matin, quand une belle rosée laisse ses perles sur les arbres et les herbes environnantes. Je me laisse bercer par le chant des oiseaux et par les sonorités du vent, tout en me laissant émerveiller par le calme et la beauté du paysage.
Beaucoup de fruits poussent aussi dans la forêt. Les framboises sont à point, merveilleusement acidulées, délicieusement sucrées. C’est aussi le temps du bleuet qui commence, ce petit fruit bleu qui sert de symbole à ma région, car c’est la plante qui le produit qui pousse toujours en premier dans une forêt ravagée par le feu.
Parlant de feu de forêt, je me souviens qu’en mai 1999, un immense feu de forêt avait frappé proche du village, tellement proche qu’on en avait même parlé au Téléjournal de Radio-Canada à l’ouverture!
Le feu avait frappé sur le chemin Lévesque proche d’un lac où plusieurs chalets étaient situés. Pendant de longues heures, nous eûmes droit à un spectacle aérien, avec tous ces bombardiers à eau tout jaunes qui allaient se gonfler d’eau dans le lac Grenon pour ensuite aller larguer le tout sur les flammes à cet endroit où se trouvait une grande forêt de conifères.
Maintenant, ce n’est plus qu’un vaste champ de verdure, où pousse le bleuet en abondance!
Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je me suis laissé dire que la récolte de cette année était bonne. Cela veut dire que le petit fruit bleu sera récolté en bonnes quantités jusqu’à la fin de la saison, qui peut se rendre aussi loin que la fête du Travail lors des années exceptionnelles.