Samedi 14 juin 2014. Beaucoup de monde dans la petite salle du Domaine des Pins à Saint-David-de-Falardeau. Beaucoup de monde qui ont quelque chose en commun et qui s’est réuni pour un événement dont ils allaient se souvenir longtemps : les 80 ans de ma grand-mère, Jeanne-Ida Lagacé.
Tous ses enfants y étaient, quelques-uns de ses petits-enfants aussi – m’incluant dans le paquet, moi qui est le premier d’entre eux à faire son entrée sur cette planète – de même que quelques-uns de ses frères et sœurs encore vivants et d’autres de ses amis. Bref, tout pour une soirée mémorable!
De multiples hommages ont été faits à la fêtée par à peu près tout le monde. À un moment donné, un micro a circulé dans la salle et tous ceux qui voulaient rendre hommage à ma grand-mère ont pu le faire en prononçant un petit discours improvisé. J’ai été parmi ceux qui se sont exprimés, mais préférant le faire par écrit, je me permets de lui consacrer ce billet.
Ma grand-mère, c’est une femme extraordinaire, un exemple de courage, de détermination, de résilience et de principe. Elle a vécu un grand malheur, il y a de ça bientôt 50 ans, quand son mari a perdu la vie suite à un accident de travail. Enceinte de huit mois et déjà mère de cinq autres enfants à une époque où il n’y avait pas de CSST pour aider les familles de victimes d’accidents de travail, elle a su faire face à la crise et s’est tenue debout pour assurer à ses enfants de ne rien manquer pour qu’ils puissent avoir malgré tout une belle enfance. Elle les a élevés toute seule et s’est imposé des sacrifices dans l’atteinte de ce but, qu’elle a atteint avec une détermination hors du commun.
Ma grand-mère, c’est aussi une femme de culture, qui a su transmettre à ses enfants le goût de la lecture, de l’écriture, de l’histoire, de l’art et de la politique. C’est une dame qui a la langue française à cœur et qui a su nous transmettre son goût pour cette langue, que ce soit en la lisant, en la parlant bien et en l’écrivant sans faute. Ancienne institutrice d’école de rang, elle n’hésitait pas à nous remettre à l’ordre quand nous prononcions un mot ou une expression de manière pas conforme. Je me souviens d’avoir goûté à sa médecine d’institutrice quand j’avais neuf ans, alors que j’étais dans les scouts à St-Honoré, un soir où je devais coucher chez elle. Je devais présenter une recherche sur les aigles pour mes collègues scouts et ma grand-mère l’a lue avant que je ne la présente, me demandant de corriger certaines fautes, moi qui n’en faisais déjà pas beaucoup à l’école primaire.
Outre sa détermination, son amour de la culture et de la langue française, son héritage est aussi culinaire. Cuisinière hors pair, on mangeait toujours très bien en sa compagnie. Et ce talent de cuisinière s’est perpétué avec les générations, puisque mes oncles et tantes sont tous doués en cuisine, transmettant à leur tour le goût de la bonne chère, autant dans l’art de la préparer que celui de la savourer.
On a beau énumérer toutes sortes de valeurs qui la caractérisent, mais il y en a une qu’on ne doit pas oublier et qui vient cimenter toutes les autres que j’ai nommées, c’est sa générosité, son amour du prochain. C’est une femme qui s’est impliquée socialement pendant longtemps, ayant entre autres fait partie du Groupe d’Action communautaire de Falardeau dès les tout premiers moments de son existence. Je me souviens encore du temps où l’organisme occupait un local transitoire situé dans le sous-sol de la maison de ma marraine. C’était en 1982, quelque temps avant que l’organisme ne s’implante définitivement dans ces locaux qu’il occupe encore dans l’hôtel de ville de Falardeau.
Son parcours riche pourrait faire l’objet d’une biographie qui toucherait sans doute les lecteurs de partout. Son héritage est si vaste que s’il fallait que cette dette de reconnaissance que l’on a à son endroit soit une réelle dette financière, celle-ci nous conduirait tout droit à la faillite tellement on lui doit beaucoup.
Nous avons encore le privilège de l’avoir parmi nous, en espérant qu’on l’ait encore avec nous longtemps. Avec un tel héritage, elle a de quoi être fière de son parcours. À nous de nous en inspirer pour la suite des choses!