Me voici enfin rendu dans ce que j’espérais depuis longue date : ce moment où enfin je me lance dans le vide, ignorant ce qui se tramera devant moi dans l’avenir immédiat.
Je me sens un peu comme un funambule qui avance sur son fil en dépit de vents transversaux qui lui sont défavorables. J’avance chaque pas lentement, de manière réfléchie et méthodique. Mais il arrive que je me prive de faire des pas, que j’aie même envie de reculer, sachant bien que ce n’est pas ce que je dois faire.
Je deviens alors anxieux et déprimé, mais la seule pensée que ces sentiments sont parfois normaux dans toute quête vers un objectif supérieur me rassure et me permet de continuer.
J’ai envie d’être mon propre patron, de vivre de mes talents, de travailler selon l’horaire que je décide. Tant que la commande est respectée, le fait que je travaille en tutu dans mon salon à deux heures du matin ou encore que je sois dans un hôtel quelconque le long de la côte est américaine importe peu. Je m’imagine faisant cela, m’occupant même des détails administratifs. (Y a-t-il un comptable dans la salle?)
Cette transition se fait lentement, mais sûrement. Mais elle implique parfois de sérieux moments de doute, voire même de peur. Je présume que les maîtriser dans le but qu’elle nous empêche de nous paralyser fait partie du processus pour avancer dans la vie?
Je me souviendrai toujours d’une phrase écrite dans le local du cours de taï-chi que j’ai suivi au Cégep de Chicoutimi. J’avais à choisir entre cinq cours d’éducation physique et ce cours de taï-chi était mon cinquième choix, celui que je ne voulais pas avoir. Mais c’est celui-là que j’ai eu et j’ai décidé de le suivre, même qu’il a été plus enrichissant que tous les autres cours que j’avais choisis en cette session d’hiver 1996.
Cette fameuse phrase affichée sur un mur du local de cours était : « Seul le calme peut tout calmer. » Je la médite encore, car je trouve qu’elle est pleine de bon sens…