Je suis sur Twitter depuis le 16 août 2010. Au début, j’étais curieux de savoir c’était quoi cette bibitte, que j’ai fini par apprivoiser et même à apprécier davantage que Face-de-livre, mieux pour les matantes qui jouent à Farmville en se pensant de leur temps. Aujourd’hui, Twitter est devenu un outil indispensable dans ma stratégie visant à me faire connaître en lançant textes et podcasts dans l’océan cybernétique un peu comme des bouteilles à la mer dans l’espoir d’une vie meilleure où je gagnerai ma vie en faisant exactement ça.
Outre pour me faire connaître, Twitter m’aide aussi à me créer des contacts de tous les horizons, de tous âges, hommes comme femmes, gais comme hétéros, etc. Parfois je déconne, parfois je jase sur tout et sur rien. Je me souviens d’avoir conversé cet été avec l’arrière-petit-neveu de La Poune – chose vraie – à propos des putes d’Hochelaga-Maisonneuve. Ça devait être quelque part au mois d’août que j’ai eu cet échange avec cet homme qui me semble fort sympathique.
Cette conversation m’est revenue dans la tête le jour où, en sortant d’une amie qui demeure sur la rue Nicolet, en plein dans ce quartier, une prostituée ayant l’air de la vedette du web Guylaine Gagnon m’a abordé alors que j’allais prendre l’autobus pour m’en retourner dans mes terres monteroises. La chose m’a fait bien sourire, même si ça n’a duré que quelques secondes, la pute ayant sans doute réalisé par ma démarche pressée que je n’étais aucunement intéressé par ses charmes.
Cela m’a fait penser à ce que j’avais vécu un an plus tôt à Paris, le jour de ma fête, alors que je déambulais sur la fameuse rue Pigalle, l’artère parisienne la plus réputée pour ses prostituées. Alors que je passais devant le Moulin Rouge, une blondinette m’aborde et me convainc de la suivre dans un petit isoloir. Aussitôt entrés dans le petit local, la fille me propose certaines choses et les tarifs de ces dernières. Elle m’a dit que ça ne serait pas très long et que ça ne me coûterait pas trop cher, mais me remémorant ce qui est arrivé à une connaissance qui m’a déjà dit s’être fait aspirer 800 euros par l’une d’elles et que je n’avais pas les reins assez solides pour assumer les coûts d’un tel faux pas, j’ai vite montré ma mine exprimant le plus total désintérêt envers ce que m’offrait cette demoiselle pourtant jolie. Le stratagème a marché, et j’ai eu la vie sauve en disant à la fille que ça ne m’intéressait pas, ce qui a semblé l’offusquer un peu, elle qui me donnait l’impression d’avoir eu quelques touristes naïfs dans ses filets.
La naïveté en voyage peut coûter bien cher, surtout dans une ville comme Paris! L’affaire dont je vous parlais est arrivée à plein de types, on m’en a souvent raconté des pareilles, des mésaventures du genre. Outre cette connaissance, c’est aussi arrivé à un ancien libraire de ma librairie, de même qu’à… Jack Kerouac! Il venait de recevoir une avance de son éditeur français et, après avoir succombé aux charmes d’une de ces jolies dames, il a vu cette dernière lui soutirer presque la totalité de cette avance. Il ne lui restait plus que quelques grenailles, juste assez pour se payer un transport vers Londres, où il alla quémander une avance à son éditeur britannique, grâce à laquelle il a pu rentrer à New York en s’engouffrant dans les cales d’un bateau de marchandise. Tout ça, c’est dans son livre « Les anges vagabonds », que je viens tout juste de compléter. Mon exemplaire de ce livre, je l’ai acheté justement à Paris la veille de mon vol de retour, pensant que j’allais le lire au complet pendant l’envolée durant laquelle finalement je n’ai fait que noircir du papier dans une ébauche inachevée aux allures de funéraille écrite d’un amour que j’ai déjà éprouvé pour quelqu’un qui n’était pas amoureux de moi et qui n’aurait pas pu le devenir de toute façon.
Jack Kerouac est souvent allé à Paris durant ses voyages, et cette mésaventure n’est pas la seule qui lui est arrivée. Dans « Satori à Paris », il s’est présenté dans une bibliothèque pour faire des recherches généalogiques pour retracer ses ancêtres bretons, mais n’a pas été capable de le faire. Il a décidé de continuer ses démarches du côté de Londres, mais un imprévu lui fit atteindre la capitale anglaise autrement que par le moyen qu’il avait prévu à l’origine. Alors qu’il était sur son siège d’avion à l’aéroport d’Orly – au sud de Paris, le même aéroport où je suis entré et reparti de France – , il a eu envie de pisser. Il s’est levé de son siège, a quitté l’avion, est allé se soulager et à son retour, l’avion était parti avec ses bagages et sans Kerouac à l’intérieur. C’est finalement par train et par bateau que l’auteur de « Sur la route » a pu regagner Londres.
Ce qui est intéressant quand on lit Kerouac, c’est qu’on a l’impression de voyager avec lui et de ressentir avec lui tout ce que ses instants de voyage et de débauche ont à livrer en terme de vécu. Il n’a pas vécu une longue vie, mais il a su en laisser des traces assez imposantes pour qu’il fasse partie de la catégorie des incontournables et des immortels. On sent aussi qu’il tente de se détourner d’une blessure qu’on finit par présumer assez clairement : Kerouac est un américain qui aurait aimé être québécois comme ses parents. Kerouac aurait préféré écrire dans le français de sa petite enfance plutôt que dans cette langue qu’il n’a apprise qu’à six ans et qu’il n’a maîtrisée pleinement qu’à quinze. Il a passé sa courte vie à se chercher en voyageant et en essayant toutes sortes de substances, surtout l’alcool, ce qui a fini par le tuer prématurément à l’âge de 47 ans, en octobre 1969, d’une hémorragie intestinale, la mort des alcooliques.
Un écrivain à la plume grandiose, grandiloquente, vive, précise. Une influence éternelle. Et la Poune là-dedans? Et Cancun? Aucun rapport, mais ça rime en maudit!