Il y a des temps où je suis content de ne plus faire de radio, comme présentement. Ces temps-ci, c’est le retour de trois émissions très regardées au Québec : Occupation double, Tout le monde en parle et Le banquier.
Je ne regarde ni l’une ni l’autre de ces émissions. Je n’ai ni le câble, ni la télé par satellite, ni une antenne haute définition. Je me plais sans pollution télévisuelle, regardant sur internet le peu qui peut m’intéresser pendant que mon téléviseur de 2001 sert comme accumule-poussière.
Si j’étais encore en radio, il m’aurait fallu regarder ces émissions pour avoir du matériel à parler dans mon émission du lendemain, ce que j’aurais trouvé franchement difficile. Non seulement je n’aime pas ces émissions, mais elles passent toutes en même temps sur deux chaînes concurrentes, un méchant casse-tête pour moi qui n’a pas non plus d’enregistreuse numérique. J’ai bien quelques cassettes VHS et un vidéo capable d’enregistrer le tout, mais dans mon contexte, ça ne saurait que me compliquer davantage l’existence.
Laissez-moi vous raconter un souvenir de ma carrière d’animateur radiophonique, du temps où j’avais encore un semblant de carrière au micro devant moi. On se retrouve il y a de ça une dizaine d’années, alors que je venais de commencer à animer à la station KYK-FM d’Alma. Deux télé-réalités commençaient alors à sévir sur les ondes de deux de nos télés, et nous étions affiliés à l’une d’elles, soit Loft Story à TQS.
Nous devions en parler au moins une à deux fois dans chacune de nos émissions et devions nous faire un devoir de suivre la série au grand complet, ce que j’ai fait à reculons, je dois bien l’avouer. Je ne trouvais pas que j’assistais à un grand spectacle tellement les banalités s’enchaînaient les unes aux autres.
Un beau soir, je regardais tranquillement TQS lorsqu’un bulletin spécial arrêta complètement la programmation. Lorsque j’ai vu que c’était Jean-Luc Mongrain qui animait ladite émission, j’ai tout de suite pensé que quelque chose de grave était arrivé. Jean Chrétien était-il mort d’un malaise quelconque? La Californie avait-elle été frappée par ce méga-séisme qu’elle attend depuis plus de cent ans? Michèle Richard annonçait-elle son départ de Garden-Party? Bref, la tension était à son comble… jusqu’à ce que j’apprenne que toute cette mascarade n’était faite que parce qu’un lofteur avait décidé de lever les feutres… La face m’est tombée par terre, ébaubi par le surréalisme de la situation!
J’étais gêné devant une manifestation de ce qui s’avérait à mes yeux comme une forme de comble d’inutilité, de stupidité et d’insignifiance. J’ai alors changé de poste et regardé un peu l’autre télé-réalité, Occupation double, qui passait à TVA, l’autre poste de télé. La radio de cette télé-réalité était NRJ (que l’on appelait encore Énergie dans le temps), station rivale de celle pour qui je travaillais à l’époque. J’ai regardé juste par curiosité pour savoir si c’était pire ou mieux dans la pelouse du voisin.
Mon expérience avec Occupation Double n’a duré qu’une vingtaine de minutes, au bout de laquelle le malaise devant tant d’insignifiance m’a clairement démontré que ce genre d’émission n’est pas faite pour moi. Quand j’ai vu Éric Salvail se foutre de la gueule d’une participante aux auditions parce qu’elle était un peu bedonnante et parce qu’elle avait un anneau dans le nombril, je me suis dit que c’était trop. J’ai fermé la télé, et plus jamais de ma vie je n’ai regardé cette émission. Ce fut la même chose pour les autres éditions de Loft Story, le destin ayant eu la brillante idée d’envoyer ma carrière en radio dans le dallo, me libérant au passage de devoir parler de ces affaires-là dans mes émissions.
Je ne m’envolerai pas davantage dans une escalade de mots réducteurs à l’endroit de ce genre de télé, car je ne la ferai pas détester par ceux qui aiment ça, qui se comptent par centaines de milliers à chaque soir. Ce serait du pur gaspillage de temps et d’énergie. Mais il fallait quand même que j’en parle un peu, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi je n’aime pas ça.
C’était la dernière fois de ma vie que je parlais d’Occupation Double et de tout autre programme du même genre, que ce soit sur cette tribune ou ailleurs, y compris une station de radio, au cas où ça reprendrait, ce qui m’étonnerait! À moins que le destin…