Tard le soir, sur la route, un Bixi…
Une mésaventure peut parfois nous mener à l’aventure. C’est ce qui m’est arrivé tard vendredi, après qu’un moron m’ait posé un lapin…
Il était passé une heure et demie du matin, l’heure où il n’y a plus de métro et où les pachydermes bleus de la STM ne montent plus Côte-des-Neiges pour se rendre jusqu’à chez moi, à Ville-Mont-Royal-prout-prout-ma-chère.
Heureusement, la nuit était belle et étoilée et la température fort agréable. C’est ainsi que j’ai décidé de tromper mon vélo pour une aventure d’un soir avec un Bixi.
Je me présente à la première station Bixi qui a encore un vélo, sors ma MasterCard et l’insère dans la machine qui m’imprime un code. Rendu au seul vélo qui reste, je tape le code à quatre reprises. Rien à faire, pas moyen de sortir le vélo. La fumée sortant des oreilles de ma tête de gars frustré, je marche quelques minutes pour trouver une autre station Bixi pas trop loin, sur le bord du boulevard René-Lévesque. Je ressors ma MasterCard et le système reconnaît aussitôt que je m’en suis servi à une autre borne, à peine deux ou trois minutes plus tôt. Plutôt que de recommencer le processus, la machine me propose un nouveau code valide pour cette station. Cette fois-ci, l’opération fonctionne et j’assois ma carcasse sur le siège d’un Bixi, chose que je n’avais pas faite depuis deux ans, la dernière fois dans un contexte similaire, où un pachyderme bleu de la STM faisant son service de nuit ne s’était pas présenté à l’heure prévue à l’arrêt où j’étais.
Pédaler en Bixi, c’est différent que sur un vélo ordinaire, même que je m’ennuyais de mon véritable vélo à certains moments. Le Bixi n’est pas aussi manoeuvrable qu’un vrai vélo, ne freine pas aussi bien, mais fait quand même la job malgré tout. Pour un modeste 7$, j’ai eu droit à une expérience que je ne regrette aucunement, car elle m’a permis de sortir de ma zone de confort.
Pour me rendre à la station Bixi la plus proche de chez moi, il me fallait monter le mont Royal en gravissant la rue Guy et le chemin de la Côte-des-Neiges, chose qui s’est faite péniblement. Avec seulement trois vitesses, le Bixi est assez lourdeau dans son fonctionnement, surtout en montée. Mais j’y suis quand même parvenu sans même avoir eu à marcher un seul centimètre.
Rendu à l’intersection du Boulevard – proche de Westmount -, j’ai eu envie de lâcher un immense cri de satisfaction, fier d’avoir gravi cette côte très abrupte qui paraît encore plus longue avec un Bixi qui a fait le travail, malgré tout.
Après un effort physique aussi soutenu, j’ai pu me permettre de descendre Côte-des-Neiges dans l’allégresse la plus totale, en contrôlant toutefois ma vitesse, car un Bixi, ça freine plutôt mal.
Après cette montée en hauteur dans l’effort le plus satisfaisant qui soit, se laisser descendre vers Jean-Talon sans trop pédaler et en laissant la gravité terrestre nous donner de l’élan faisait chaud au cœur.
C’est dans un état euphorique que j’ai garé ma bécane d’occasion à la station Bixi située au coin de Côte-des-Neiges et du Parc Kent, là où bientôt on va installer une pancarte indiquant le nombre de journées sans meurtres commis à cet endroit, puisqu’on est dans le début du Twilight Zone de ce ghetto multiculturel qu’est Côte-des-Neiges.
J’ai fait le reste du chemin à pied, car il n’y a pas de station Bixi à Ville-Mont-Royal. Une petite marche de trente minutes sous la lune et les étoiles, par une température fort confortable. À voir la lune briller, j’avais encore plus hâte à novembre prochain, quand la comète ISON entrera dans le jeu, à notre plus grand bonheur!!
Mais ma plus grande joie dans cette nuit fut cette randonnée imprévue, où j’ai testé un vélo et moi-même à la fois, les deux ayant relevé ce défi haut la main.
Mais maudit que je m’ennuyais de mon vrai vélo qui, je l’espère, me pardonnera cette infidélité d’un soir…