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Une sorte de bilan de 2012

 « La poésie, c’est l’espoir.

Le rêve, dans laquelle elle baigne,

est la vraie raison pour laquelle on ne se suicide pas. »

François Hertel (1905-1985)

Un canadien errant, 1953

Je m’étais donné comme objectif en 2012 de lire plus souvent et d’écrire aussi plus souvent, juste pour me sortir de cette torpeur silencieuse dans laquelle je m’étais réfugiée il y a de ça quelques années, pensant que ça allait être une bonne idée. Si cela se fut avéré vrai au début, j’ai fini par me rendre compte du contraire en 2011. Trop d’inactivité finissait par me faire croire que j’étais mort, un bon à rien sur le pilote automatique dans l’espérance d’un meilleur emploi qui ne venait jamais malgré les efforts que j’y mettais.

J’ai senti qu’il fallait que j’essaie quelque chose sans trop savoir de quoi il s’agissait. Je me suis donc remis à écrire tout bonnement. Ça m’a fait du bien. Des gens ont aimé. Ça m’a fait encore plus de bien. Ainsi donc j’ai recommencé à écrire. Même si des fois je ne me trouvais pas trop bon, je me disais à chaque fois qu’il valait mieux être médiocre que muet. Être muet, c’est être mort, c’est être handicapé, c’est une forme de suicide, une forme de reniement de moi-même que je combats à chaque coup de plume, tant bien que mal.

Au moins quand j’écris, je me prouve que j’existe et que je suis encore capable de plein de choses. Je me sens comme un super-héros qui découvre des pouvoirs qui, jusqu’à ce jour, lui étaient inconnus. Je me sens un peu comme en défrichage dans la forêt de mon esprit avec un crayon comme débroussailleuse.

J’aime ce que ça me fait au point où je me dis que c’est ainsi que je finirai bien par créer ce quelque chose que j’ai cherché aussi énergiquement que vainement. À force de voir des opportunités me glisser des mains qui m’auraient forcé à déménager, je me suis dit qu’en semant des graines ici et là je parviendrai un jour à récolter quelque chose qui me convaincra le moment venu que toutes ces années d’errance dans une librairie en auront valu la peine.

J’aurais certes pu devenir animateur dans des grosses radios de grands marchés, mais chaque fois que c’est venu proche, tout s’écroulait comme un château de cartes à la dernière seconde. À chaque fois, on en a préféré un autre à moi. Ça me faisait suer sur le coup, mais plus tard quand j’apprenais que les postes en question étaient coupés, je me suis dit qu’il valait mieux dans le fond que je reste où je suis car tout aurait été à recommencer. Je ne roule certes pas sur l’or, mais au moins mon emploi est stable.

J’aurais pu aussi vendre des voitures, des cellulaires, de l’assurance et des produits financiers. À chaque fois, on me jouait du violon en me disant que j’ai ce qu’il faut pour faire beaucoup d’argent, de me lancer dans l’aventure. Mais il y avait ce petit quelque chose à l’intérieur de moi qui sonnait comme une alerte, me disant qu’agir ainsi serait aller à l’encontre de ma nature profonde et même de ma destinée réelle.

Je m’imaginais mal passer plus de douze heures par jour assis derrière un bureau d’une compagnie de finance ou d’un concessionnaire automobile, à manger de la bouffe en plastique et à boire du jus de machine distributrice à café, me garochant sur chaque client dans l’espoir de lui retirer quelques sous tout en lui faisant croire que je lui vends le paradis. L’argent aurait certes rentré, mais j’aurais eu l’impression de ne vivre qu’à moitié, n’ayant pas à créer ce que je veux faire pour y parvenir.

Je ne néglige pas mon besoin d’argent, mais je veux parvenir à en avoir plus que ce que j’ai besoin en empruntant un moyen qui me permettra aussi de me réaliser pleinement à l’intérieur de ce que je sais faire le mieux. J’ai de lourdes dettes à rembourser et même si je peux parfois en arracher, j’ai bien l’intention de tout rembourser jusqu’au dernier sou noir. Et j’y parviendrai!

Je réussirai même si je me permets un voyage ou une folie de temps à autre. Il faut rembourser les dettes, mais il ne faut pas le faire au prix de mettre sa vie en suspens, car nous n’avons qu’une seule vie à vivre et qu’il faut en profiter à chaque instant de toutes les façons inimaginables. Que l’économie aille mal, que les taux d’intérêts soient en hausse, que le taux de change avec l’argent américaine soit à parité avec notre piastre élizabethaine, je m’en fous un peu. Je n’ai qu’une vie à vivre. Je n’en ai ni plus ni moins que quiconque sur cette planète. La vie passe et il faudrait se soumettre aux diktats économiques pour la rendre heureuse? Quelle foutaise!

J’ai vu tant de gens tout sacrifier pour faire de l’argent, qui en ont fait et qui ont pété un infarctus avant même d’avoir profité d’un seul sou de ce magot. J’en ai vu tant d’autres continuer de faire un travail qu’ils détestent profondément, qui en font des cauchemars la nuit, y vont de reculons le matin et reviennent à la maison plus frustrés que le matin même. Leur compte en banque est plein d’argent, mais malgré tout, ceux-ci ne sont pas riches car ils sont constamment frustrés, état dans lequel je ne veux surtout pas mourir.

Ces gens qui auraient aimé faire autre chose ont commis l’erreur de croire qu’il est impossible de faire de l’argent en le faisant, et ça les a contraint à adopter un mode de vie plus proche de la survie que de la vraie vie en tant que telle. Renoncer à ses rêves, c’est se suicider. Ce suicide ne tue pas aussi rapidement qu’une balle dans la tête ou une corde autour du cou, mais finit toujours par se matérialiser. La frustration grandissante se transforme en anxiété jusqu’à ce que la soupape pète. La dépression, le cancer, l’infarctus et autres maladies viennent alors à notre rencontre et on finit par mourir sans même avoir l’impression d’avoir vécu pour vrai ce qu’on voudrait vivre.

La dépression m’a frappé en 2006 et c’était un grand service que la vie me rendait à ce moment-ci. Je suis aujourd’hui plus mature, plus apte à manier ces instruments que sont ma plume et ma voix, les seuls avec lesquels je peux parvenir à ce niveau. J’ai écarté certains individus de ma vie quand ce fut nécessaire, dont un ex-ami narcissique qui me volait mes disques quand j’avais le dos tourné chaque fois qu’il venait chez moi. Après l’avoir démasqué et confronté, je lui ai tenu tête en l’ignorant pendant que son harcèlement à mon endroit me révélait quel individu immature et incohérent il est en réalité. J’ai certes perdu des disques, mais je n’ai pas l’impression d’avoir perdu un ami. J’ai plutôt perdu une distraction insignifiante dont l’absence dans ma vie a été sans conséquence, malgré son harcèlement qui a fini par s’estomper avec le temps, qui dans le fond m’a plus fait rigoler que m’intimider.

En 2012, j’ai aussi expérimenté, voyagé, me suis amusé, mais surtout je me suis préparé à ce quelque chose qui surgira un jour ou l’autre. D’ici-là, je continuerai à semer des graines, à voyager, à m’amuser, à essayer des choses. La récolte sera très bonne, suffit d’être patient, confiant et résilient. Comme l’écrivait Lucien Bouchard en 1994, sortant du coma après avoir perdu la moitié d’une jambe dévorée par la bactérie mangeuse de chair, « Que l’on continue! »

Je continuerai en 2013, coûte que coûte! La réussite n’en sera que plus agréable!

Bonne année 2013 à vous tous!!

2 réflexions au sujet de “Une sorte de bilan de 2012”

  1. J’aime ta plume ,ta facon de dire les choses et surtout ton courage devant ce qui semble de l’adversité ,tu as un chemin a suivre et si parfois il prend des détours ,n’abandonne jamais ,suis le .
    Reste authentique surtout, c’est une qualité qui se perd .

  2. Intimiste et touchant ton texte. J’oserais dire ton meilleur……à date, car il y en aura sans doute d’autres. Sky is the limit!

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