Je dois vous confesser un péché dont j’ai honte maintenant. Je me suis souvent foutu de la gueule de Manon Massé, candidate de Québec Solidaire dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, à cause de sa moustache. Je faisais à l’occasion des blagues plus ou moins politiquement correctes à son sujet à mon travail et auprès de mes amis, qui les trouvaient parfois drôles.
Et puis là, je dois vous avouer candidement que depuis que je sais pourquoi Mme Massé persiste et signe avec sa moustache malgré les railleries et les blagues plates à son endroit, je n’ai pas d’autre choix que de ravaler ma salive et de changer mon fusil d’épaule.
Un article de Judith Lussier sur le site web d’Urbania – le magazine qui m’a déjà publié dans une vie antérieure – sur le pourquoi de la moustache chez la principale intéressée qui s’est livrée sans pudeur à la journaliste, assez pour qu’on se dise une chose que l’on peut désormais penser hors de tout doute : qu’on soit d’accord ou non avec son allégeance politique, il faut reconnaître que Manon Massé a des couilles grosses comme des pamplemousses et blindées comme un char d’assaut de l’armée américaine.
La nature a fait en sorte qu’elle ait une moustache, et loin d’en faire un objet de honte qu’on condamnerait au Épilady ou à l’électrolyse, Manon Massé fait de sa moustache une facette de son engagement politique, une manière de rejeter ces modèles de beauté que la société impose à tort à ceux qui décident de sauter dans l’arène publique.
Devant les critiques, les blagues de tout acabit, le conformisme ambiant, Manon Massé se tient debout et assume ce qu’elle est sans craindre quoi que ce soit. La présentation de sa moustache se veut comme un doigt d’honneur, une forme de « va chier » viscéral lancé dans la figure d’un conformisme inutile et étouffant. Dans un monde où il faut toujours tout cacher tout ravage que les hormones et le temps font sur notre corps, Manon Massé n’en a rien à foutre. Elle est là telle quelle, et c’est non négociable. C’est à prendre ou à laisser.
L’attitude de Manon Massé est respectable et inspirante, même que nous devrons tous faire pareil, nous présenter devant le monde tels que nous sommes, tels que la nature nous a créés, peu importe les ravages que le temps laisse derrière lui, peu importe les stéréotypes que la société nous impose.
Rien n’est plus nuisible en société qu’un stéréotype, peu importe de quelle nature il est. Pour une fois, soyons lucides et faisons des Manon Massé de nous-mêmes, et assumons-nous! Nous ne ferions que nous en sentir davantage mieux, autant individuellement que collectivement!
En complément, l’article de Judith Lussier sur le site d’Urbania. Et celui que je leur ai écrit dans une vie antérieure…