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« Mourir pour des idées. D’accord, mais de mort lente. »

  • « Vous devriez faire de la radio, avec la voix que vous avez… »

C’est le genre d’affaire qu’on me dit souvent, que ce soit à mon travail ou sur internet. Pourtant, malgré la voix qui sonne mieux que jamais, je ne travaille pas en radio présentement. Je ne m’en plains pas. À vrai dire, juste un peu, mais pas tant que ça.

La dernière fois que j’ai animé une émission était à l’antenne de KYK-FM, au Saguenay, le 10 août 2008. J’y animais la dernière émission d’un contrat de remplacement estival que j’avais accepté entre deux sessions d’université.  Ce matin-là, je me suis fait plaisir, sachant que ça risquait d’être ma dernière émission de radio pour un bout, peut-être même la dernière de ma vie. J’ai fait jouer du Guns’N’Roses, du Depeche Mode et j’ai terminé l’émission avec Réverbère d’Ariane Moffatt, avec sa célèbre dernière phrase : « Ma vie est une série B mais ça me va! »

Depuis, je suis en silence radio, ma seule apparition à la radio depuis ayant eu lieu en mai 2009, invité par MC Gilles à co-animer avec lui une représentation de sa célèbre émission « Va chercher le fusil » à l’antenne de CISM.

Il m’est arrivé une anecdote plutôt savoureuse en septembre 2008, alors que j’ai reçu l’appel d’un ancien employeur qui a fait toutes les démarches pour me retrouver ici à Montréal, désireux de me lancer des bêtises après avoir écrit sur un forum de radio que son entreprise se comportait en amateur avec la nouvelle station qu’ils opéraient depuis peu à Rimouski – et qui a fermé ses portes ce printemps – . Après avoir décroché le combiné, l’ancien employeur me lance des bêtises avant que je ne lui raccroche au nez. Encore plus furieux, il rappelle mais se bute cette fois-ci à ma boîte vocale où un long message m’attendait. Je n’en ai pas écouté le contenu, l’ayant effacé sans même l’ouvrir. Dans le peu de ce que j’ai entendu lors de la première conversation, l’ancien employeur me disait qu’il allait tout faire pour que je ne travaille plus dans le monde de la radio, le genre de menaces que je sais qu’il a faite à plusieurs de ses anciens animateurs qui, pour la plupart, ont atteint par la suite des niveaux beaucoup plus intéressants dans leur carrière que la fameuse station du Bas-du-Fleuve dont il est question.

J’ai raconté cette anecdote à d’autres personnes étant passé par cette station et celles-ci ont été unanimes sur ce point : il ne vaut mieux ne pas trop m’en faire avec les menaces de cet homme dont la réputation pas très avantageuse n’est plus à faire dans le monde de la radio.

Pauvre lui!! Quel gaspillage de temps que sa volonté de tout faire pour ne plus jamais que je travaille en radio!! Savait-il que j’allais faire la sale besogne à sa place et sans doute mieux que lui?? En juin précédent, le journaliste Hugo Dumas de La Presse avait publié quelques articles sur le monde de la radio, parlant notamment du phénomène des vedettes de la radio. Sur un coup de tête, j’ai pondu une lettre sur le sujet en moins de vingt minutes que le journal a gardé dans sa réserve avant de me contacter à la mi-septembre pour m’annoncer leur intention de la publier avec ma grosse face juste à côté, chose qui fut finalement faite le 2 novembre suivant.

La lettre fut un gigantesque coup d’épée dans l’eau, et je me demande toujours comment aurait-il pu en être autrement. Avec le recul, j’estime avoir mal écrit ma lettre, l’impulsivité du moment m’ayant poussé à transformer mon propos en semblant de règlement de compte envers un certain employeur, chose qui s’est faite en empruntant une certaine ambiguïté qui ne pouvait que mal servir mon initiative à laquelle je n’avais pas donné de titre. Et quand j’ai vu le titre « Tassé par une vedette » accolé à ma lettre avec ma photo, j’ai déchanté de beaucoup, un peu comme le joueur de hockey qui marque un but en prolongation en finale de la Coupe Stanley, et qui réalise qu’il l’a marqué dans son propre filet. Publiée dans l’édition du samedi de La Presse, celle qui a le plus gros tirage pendant la semaine, ma lettre a joui d’une grosse visibilité, sauf qu’elle n’a fait que me peinturer davantage dans le coin.

Peu importe, je m’en foutais un peu, ayant décidé après la fin de mon contrat estival à KYK-FM de prendre des vacances plus ou moins longues de la radio, chose rendue nécessaire par l’évidence de la non-atténuation de relents d’une grave dépression survenue deux ans plus tôt, alors que je venais d’aboutir derrière le micro de Rock-Détente à Sherbrooke. La publication de cette lettre dans La Presse était un bon prétexte pour rester loin de l’univers de la radio pour explorer d’autres avenues, qu’elles soient dans le monde des médias ou non, laissant la vie me mener là où elle jugerait que je devrais aboutir à ce moment-ci.

Au moment de la publication de la lettre, je complétais ma dernière session au certificat en journalisme à l’Université de Montréal et je venais de commencer à travailler dans la librairie pour laquelle je bosse depuis bientôt quatre ans. Le directeur de l’époque du certificat en journalisme m’a proposé d’aller faire un stage final d’études en radio chez ce même employeur écorché dans ma missive. J’acceptai la proposition, pensant que ma lettre allait me fermer cette porte. Or, après une enquête de leur directeur de l’information et de leur service de ressources humaines, j’ai eu la surprise d’apprendre que j’étais autorisé comme stagiaire en information. Naïvement, j’ai cru qu’on m’offrait une deuxième chance de me faire valoir, et ce malgré ma lettre. – D’ailleurs, comment ont-ils bien pu passer à côté? Elle n’était pourtant pas publiée dans le feuillet paroissial de mon village, non? – Rapidement, des gens dans la boîte m’ont démasqué et ont demandé que mon stage soit arrêté, chose qui fut faite dans les plus brefs délais. Cela ne m’a pas fait tant mal que ça, m’étant rendu compte que je n’étais pas à ma place en journalisme à la radio et que ma présence dans ce gros édifice coin Papineau/René-Lévesque à Montréal ne semblait pas appréciée par certaines personnes dont je tairai le nom. Ironie du sort, j’avais pris la décision à ce moment-ci d’interrompre le stage car je sentais que je perdais mon temps et que j’en faisais perdre à d’autres, n’étant tout simplement pas à ma place.

De toute façon, ce premier contact avec le monde médiatique après ma décision de m’en éloigner pour quelques temps n’a fait que me pousser à rester éloigné de ce domaine pendant aussi longtemps que nécessaire. Presque quatre ans après cette lettre et un peu plus de trois ans après l’avortement de ce stage, je sens que les portes que ma missive a fermé dans ce temps ne semblent pas vouloir se rouvrir. Également, le fait que je n’ai pas fait de radio n’aide pas, malgré mon expérience et ma bonne volonté. J’essaie depuis plus de deux ans de revenir dans le milieu. Cela m’a valu quelques entrevues qui auraient bien pu mener à un retour derrière le micro, mais aucune d’entre elles n’a produit le résultat escompté.

Malgré tout, je ne suis pas frustré de quoi que ce soit. Je ne me plains de rien. Je n’ai pas à le faire, car ça fait partie du risque et il faut l’assumer. J’accepte les choses telles qu’elles sont, telles qu’elles ont été. Je suis plus zen et plus lucide. Je me rend compte que la vie semble m’amener ailleurs que devant un micro de radio. Malgré tout, je n’ai jamais vraiment renoncé à l’éventualité de reprendre du service dans ce média. Ma voix d’animateur restera toujours ce qu’elle est, et celle-ci pourra sans doute être utile à autre chose. Et si une opportunité, quelle qu’elle soit, s’avérait le moindrement intéressante, je dirai oui sans hésiter.

Mais en attendant, je reste réaliste, préférant trouver une nouvelle voie en défrichant à coup de stylo plutôt que de foncer dans un univers avec lequel je ne semble plus vraiment avoir d’atomes crochus, à moins que quelque chose ne me prouve le contraire.

Cliquez ici si l’envie d’entendre ma voix vous prend…

1 réflexion au sujet de “« Mourir pour des idées. D’accord, mais de mort lente. »”

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