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50 millions de tomates

Je trouverais difficile d’avoir tout d’un coup un million de dollars se faire déposer dans mon compte tout d’un coup sec. J’y perdrais ce latin que je n’ai jamais eu. Imaginez ce que ça serait si ce n’était pas un million de dollars mais bien cinquante millions de dollars tout d’un coup qui me tomberait dessus. Aucune idée comment je réagirais, mais je perdrais à coup sûr ce même latin, ce chinois et cet allemand. Il ne me resterait que mon français que l’ivresse du moment m’enlèverait provisoirement mon usage de la parole, paralysé par cet afflux important et inattendu d’argent.

Que ferais-je si j’avais pareil montant d’argent qui me tomberait du ciel? Payer mes dettes serait la première chose. Et pour le reste, je n’en ai pas la moindre idée. Sans doute des cadeaux à des proches, mais encore là il risque d’en rester tellement que je ne serais pas plus qu’avant de faire ces cadeaux sur ce que j’en ferais.

J’éviterais de me construire une cabane à la Lavigueur, de me lancer dans toutes sortes de dépenses aussi inutiles qu’onéreuses, le genre d’erreur que bien des grands gagnants de gros lots ont fait et qui ont fini par courir à leur propre perte, les ayant même menés à cette faillite que leur magot aurait pourtant dû éviter.

Je me suis retrouvé dans pareille situation en 2005 après une victoire contre la SAAQ devant le Tribunal Administratif du Québec. Je me suis retrouvé avec quelques milliers de dollars en poche. C’est fou la sensation d’ivresse que ça procure d’avoir aucun sou une journée et de devenir « riche » comme Crésus le lendemain. On se sent invulnérable, au dessus de tout, à l’abri de tout. C’est un peu comme jouer à Super Mario Bros et attraper une étoile. Du coup, on s’illumine et toutes les bibittes sur notre chemin meurent et nous laissent passer tout en augmentant nos points.

Sauf que les effets de l’étoile ne durent qu’un temps et la réalité finit toujours par reprendre son cours normal. Et le réveil qui s’en suit se fait toujours de manière brutale.

Il ne reste presque plus rien de ce magot de 2005. Je me suis acheté une voiture et un vélo qui ont duré cinq ans, la voiture ayant été envoyée à la cour à scrap alors qu’un nouveau vélo était acheté peu de temps après pour remplacer celui acheté en 2005. Outre le vélo et la voiture, j’ai payé la balance d’un prêt négocié en 2002 pour payer certaines erreurs de jeunesse. Après tout ça, il restait encore de l’argent qui a servi à faire d’autres erreurs de jeunesse comme l’achat d’un portable – celui avec lequel j’écris ce texte – qui est la seule chose matérielle qui reste de cette période.

Il reste aussi du non-matériel qui se résume en une seule chose : des regrets. Regrets de choses que j’aurais du faire ou ne pas faire, de caps que j’aurais du viser plutôt que d’avoir opté pour d’autres. Vous voyez le genre.

Avec le temps, ces regrets ont fini par se taire, ayant fini par accepter que ces erreurs que j’ai fait ont été faites dans le but d’en connaître davantage sur moi-même et sur l’argent et comment il faut le gérer. De toute façon, ces regrets ne servent à rien alors que les leçons que cette expérience a laissé seront utiles indéfiniment.

De cette manière, je n’ose pas imaginer ce que ça aurait donné si ça avait été un million de dollars que j’avais eu à ce moment-là. Une chose est certaine : je suis désormais mieux outillé pour y faire face. Amenez-en de l’argent! Je suis prêt à le gérer et à le dépenser de manière raisonnable avec un peu de folie (après tout, pourquoi pas quand on peut se le permettre?).

Mais il faut bien que cela se produise un jour. Après tout, il faut bien poser le premier geste pour que ce rêve se réalise…

Si seulement j’achetais des billets…

Plus sérieusement, je trouve que je paie assez de taxes et d’impôts au gouvernement pour flamber le peu qui me reste dans des patentes qui finissent par l’alimenter davantage. Je préfère miser sur moi. Ça a plus de chances de les rapporter ces cinquante millions…

 

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