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Le Reflet Falardien : Saint-Honoré la voisine

Quand on demeure à Saint-David-de-Falardeau et qu’on est écolier, on cesse d’aller à l’école au village la journée où se termine notre primaire. Quand s’amorce le secondaire, on passe dans quelque chose de plus gros, de plus intimidant : l’École Secondaire Charles-Gravel.

J’ai moi-même fait mon secondaire à cet endroit, heureux de l’avoir complété en cinq années consécutives sans même en doubler une, chose qui aurait très bien pu se produire étant une véritable cruche en mathématiques. J’ai d’ailleurs pu obtenir mon diplôme d’études secondaires sans même les réussir, chose qui n’est désormais plus possible maintenant, à moins qu’une réformette ait changé le tout sans que je m’en rende compte.

Pour aller à Charles-Gravel, il fallait se lever tôt. Les cours y débutaient à 8h00 et se terminaient à 14h50 l’après-midi. Il ne fallait pas manquer l’autobus, sinon on pouvait se ramasser dans un fichu pétrin. Cet autobus passait devant chez moi vers 6h50 et faisait la longue traversée jusqu’à Chicoutimi-Nord où il arrivait aux environs de 7h30. Le retour se faisait dès la fin des cours et les autobus arrivaient dans la cour de l’école primaire de mon village pour ramener tout le monde à la maison juste avant 16h00.

Toutes ces traversées depuis ou vers Chicoutimi-Nord nous imposaient un incontournable : la traversée de Saint-Honoré, localité voisine deux fois plus populeuse établie au milieu de grands champs perdus au nord de Chicoutimi.

Avant d’aller plus loin une spécification s’impose : il y a trois Saint-Honoré au Québec.  Le premier se trouve en Beauce (Saint-Honoré-de-Shenley) alors que l’autre se trouve dans le Bas-du-Fleuve (Saint-Honoré-du-Témiscouata).  Le Saint-Honoré dont je vous parle aujourd’hui se nomme officiellement Saint-Honoré (tout court) même si certains l’appellent Saint-Honoré-de-Chicoutimi pour le distinguer des autres.

Une chose que l’on pourrait dire de Saint-Honoré, c’est qu’elle vit de trois choses situées dans un cas au dessus du sol, dans le deuxième cas au niveau du sol et dans le troisième sous le sol.

Saint-Honoré dispose d’un aéroport depuis 1942. Construit en même temps que celui de Bagotville, l’aéroport de Saint-Honoré servait d’aéroport de réserve pendant la guerre et fut fermé en janvier 1945, quelques mois avant la fin du second conflit mondial.

Comme son cousin de Bagotville, l’aéroport de Saint-Honoré a rouvert ses portes quelques années plus tard et est l’un des fleurons de la municipalité. Air-Médic, Exact-Air et l’École de parachutisme Horizon y ont pignon sur rue, de même que Transports Québec. Le Centre Québécois de Formation en Aéronautique (CQFA) relié au Cégep de Chicoutimi y donne son cours de technique de pilotage, l’un des programmes parmi les plus contingentés de tout le réseau collégial québécois.

L’aéroport de Saint-Honoré a été jusqu’en 1993 la base régionale des avions CL-215, ces fameux aéronefs jaunes qui se gorgent d’eau dans des lacs pour aller combattre les feux de forêt du haut des airs. On pouvait les observer le long du Chemin du Volair où ils étaient stationnés. Une mystérieuse décision d’ordre politique a déplacé les bombardiers à eau vers Roberval à partir de 1994, date à partir de laquelle ils sont toujours. Il faut dire qu’à l’époque, le Québec était dirigé par les libéraux et que le comté de Roberval était représenté par un libéral, alors que le comté dans lequel se trouve mon village et Saint-Honoré – Dubuc – était représenté par un député du Parti Québécois, ce qui explique ce transfert que les gens de Saint-Honoré ont accepté avec colère, ayant même bloqué symboliquement tout accès à leur village pendant une journée en 1993.

Bien que cet aéroport soit civil, il lui arrive de recevoir de temps en temps la visite des avions de l’armée, puisqu’il sert aussi d’aéroport de dégagement pour l’aéroport militaire de Bagotville, situé plus au sud, entre Laterrière et La Baie.

Tout comme Bagotville, Saint-Honoré a aussi son spectacle aérien, sauf que le sien se fait avec des cerfs-volants et remporte le succès à chacune de ses éditions.

Outre l’aéroport, Saint-Honoré compte sur son territoire plusieurs fermes, la plus connue d’entre elles étant la Valinoise, propriété de la famille Robitaille. Quand j’étais enfant, je me souviens que mes parents allaient chercher parfois du lait frais que l’on emprisonnait dans de grosses bouteilles brunes à l’effigie de la « Cuvée des Patriotes ».

Cette ferme était un fleuron pour Saint-Honoré jusqu’à ce que le feu vienne y faire les trouble-fête pour une première fois en 2000. Les Robitaille ont reconstruit leur ferme et ont eu l’idée d’y greffer une porcherie, ce à quoi la municipalité s’est farouchement opposée. La bataille s’est même retrouvée devant les tribunaux civils et suite à tout ça la porcherie projetée n’a jamais vu le jour. En 2005, le feu s’invite une deuxième fois et ravage cette fois-ci la bergerie de la ferme. Les Robitaille se sont relevés de cet échec et tout allait comme sur des roulettes jusqu’à il y a de ça à peine une semaine, où le feu s’est invité pour une troisième fois. Une centaine de vaches ont péri et l’odeur de carbone émanant des restes de l’étable se fait encore sentir clairement quand on passe proche. On ne saurait dire si les Robitaille vont poursuivre l’aventure après cette autre mésaventure. Chose certaine : ils y réfléchissent sans doute intensément.

Après ses airs et son sol, Saint-Honoré se distingue par son sous-sol et de la mine qui l’exploite. Le sous-sol honorien – car c’est ainsi que se nomment les habitants de Saint-Honoré – se compose de niobium, un minerai utile à la formation de l’acier. La mine Niobec exploite le gisement depuis 1976 et est l’un des grands employeurs de la localité. C’est aussi l’une des trois seules mines de niobium au monde, les deux autres étant situées au Brésil. 15% de la production mondiale de niobium provient de Saint-Honoré.

Depuis quelques temps, on assiste à un véritable boom à Saint-Honoré avec la volonté d’Iamgold – propriétaire de Niobec – de faire prendre de l’expansion à sa mine afin d’augmenter sa production. Cela attire à Saint-Honoré de nouveaux habitants qui n’y viennent pas que pour profiter de ce boom minier mais aussi de la tranquillité des lieux.

Saint-Honoré a depuis peu son propre parc industriel, a ouvert de nouvelles rues et la construction de nouvelles résidences y est florissante dans tous les secteurs de la municipalité, même dans le coin du lac Docteur, juste à côté de l’aéroport. Les pachydermes bleus de la STS – Société de Transport de Saguenay, équivalent local de la STM montréalaise – circulent même dans les rues de Saint-Honoré pour permettre à ses résidents d’aller en ville sans prendre leur voiture.

Mais comme c’était le cas quand j’étais jeune avec mon autobus scolaire, il vaut mieux ne pas manquer l’autobus qui passe tôt le matin et qui repasse en fin d’après-midi uniquement les jours de semaine.

Le Saint-Honoré que j’ai connu enfant se transforme de plus en plus en banlieue de Chicoutimi-Nord avec toute cette activité mais au moins je vois encore plein de choses qui me permettent de croire que Saint-Honoré restera toujours Saint-Honoré avec son bar – il n’y en a même plus à Falardeau -, son sympathique barbier prénommé Raymond, son bar laitier, ses hot-dogs du Relais – le resto de la place – , sa Fiesta de la balle lente et aussi le Parc Robertson – surnommé « Gigonville » en raison de ses maisons drôlement décorées habitées par des gens un peu spéciaux – , ce secteur de l’ancien Canton Tremblay greffé à Saint-Honoré en 2002 suite à la création de Ville Saguenay qui n’en a probablement pas voulu.

Tout ça pour dire que Saint-Honoré est une ville remplie de charmes et de gens chaleureux et fiers. Malgré le fait que son établissement en tant que paroisse remonte à 1913, Saint-Honoré n’est une municipalité que depuis le 16 décembre 1972, date d’officialisation de la fusion entre le village et la paroisse auprès du Ministère des Affaires municipales du Québec.

Saint-Honoré fêtera donc ses 40 ans cette année. Ils iront probablement fêter ça au Laser comme à l’habitude.

Santé, Saint-Honoré!!!

9 réflexions au sujet de “Le Reflet Falardien : Saint-Honoré la voisine”

  1. J’ai adoré ton texte! Natif de Chicoutimi, mais ayant vécu à St-Honoré pour mon adolescence de 1987 à 1995, ton texte m’a rappelé bien des souvenirs. J’ai d’ailleurs travaillé à l’époque, à la mine Niobec (mes chums trouvaient ça bin hot, moi aussi) et j’allait veiller au Laser et à … j’oubli le nom, c’était à droite en entrant au village, devant le anciennement Sagami. L’Eclipse me semble?

  2. C’était le Bar le 45 aujourd’hui le Resto Suprème. Je viens de Montréal et je vis à St-Honoré depuis 30 ans, ça fait 40 ans que je suis au Saguenay. St-Honoré j’y suis pour y rester et mourir et y être enterré.

    1. Je me souviens du 45 à côté du magasin Rona dans le village. Mais moi, je cherche le nom du Bar qui était à l’entrée, à droite, en rentrant dans le village (à côté du clignotant jaune). C’était mon bar de 1993 à 95. L’Equinox? L’Eclipse? Je sais plus. Par contre, au Laser, je me souviens avoir eu quelques soirées inoubliables et d’avoir slammer en malade sur du Nirvana! : )

  3. ben le plus populaire c’étais le 45 ,,,avec Simon au commande,,,mon dieu que j’ai veillé la,,,mais oui y’en avait un autre en face du sagami,,moi non plus jme rapelle pu son nom..

    1. Je me souviens du Baratin qui a été ouvert pendant quelques années à cet endroit au tournant des années 80 et 90. Le 45 a été une institution pendant au moins 30 ans si c’est pas plus.

  4. Au début ça s’appelait le Tonneau, ces ensuite devenu le Baratin, pour finir avec l’Oddyssey. Très beau texte Jean félicitation, vraiment plaisant à lire. 🙂

    1. Le Tonneau… Ça me rappelle de vagues souvenirs. Je crois qu’il y avait une enseigne en forme de tonneau en avant. Je crois que je devais être bien jeune mais si ça me rappelle encore de vagues souvenirs, c’est bien parce qu’elle avait un design qui ne laissait pas indifférent et qui restait dans la tête. Merci de vos commentaires Josée! J’apprécie! 🙂

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