Ce fut le titre d’un éphémère journal dont seulement deux numéros ont été tirés au début des années 1970, mais qui a permis à la carrière de son créateur de prendre le début d’une longue envolée qui l’envoya couvrir divers événements culturels et sportifs pendant de longues années, de la mort d’Elvis aux Olympiques en passant par les hauts et les bas des Canadiens de Montréal. Le père de ce journal relatant les faits marquant l’actualité de Saint-David-de-Falardeau ne s’est d’ailleurs jamais gêné de dire que c’est de là qu’il vient, tellement que sans lui on se demande bien comment ce village aurait pu obtenir pareille visibilité.
Ce créateur, c’est nul autre que Réjean Tremblay, récemment passé au Journal de Montréal après un séjour de plus de trente ans à La Presse. Avant La Presse, c’était au Quotidien et au Progrès-Dimanche qu’il laissait patiner sa plume, cette dernière s’étant faite remarquer durant la brève existence du Reflet.
Je ne me souviens plus ni où ni quand j’ai lu ou entendu cette anecdote, mais je me souviens qu’après la publication du deuxième Reflet, Réjean Tremblay a reçu un appel du patron de la Maison de la presse de Chicoutimi, qui imprimait le Reflet, mais aussi le Quotidien – publié à chaque jour comme son nom l’indique (sauf le dimanche) – et l’hebdomadaire Progrès-Dimanche. Réjean Tremblay se demandait bien pourquoi il recevait ce coup de fil, lui qui avait pourtant bel et bien acquitté la facture d’impression de son journal en bonne et due forme. Or, c’était plutôt pour se faire offrir un emploi de journaliste à ces deux journaux. La suite de l’histoire est maintenant connue : la carrière de professeur de latin à l’École Secondaire Charles-Gravel de Réjean Tremblay venait de prendre fin pour une autre encore plus grandiose lorsque La Presse l’invita à noircir ses pages en 1974.
Quand je dis aux gens, à Montréal ou ailleurs, que je viens du même village que Réjean Tremblay, on me demande si j’ai des liens de parenté avec ce dernier. À ma connaissance, je n’en ai aucun, même si une de mes tantes du côté paternel m’a déjà confié avoir déjà eu une amourette de jeune adolescente avec lui. Je rajouterai cependant que le père de Réjean Tremblay se prénomme Jean tout comme moi.
J’ai rencontré Réjean Tremblay à une occasion. C’était le 4 avril 1992. Ce soir-là, l’aréna de mon village a cessé d’être un centre sportif banal comme on en voit dans toutes les localités. Ce soir-là, l’aréna de Falardeau est devenu le Centre Sportif Réjean Tremblay, en l’honneur de ce journaliste qui n’a jamais cessé de donner à ce village qui l’a vu grandir et dont il est encore si fier d’être une sorte d’ambassadeur autoproclamé.
J’avais 15 ans à l’époque et je menais ma jeune carrière d’annonceur-maison à l’aréna, bien installé au chaud dans la cabine du chronométreur munie d’une chaufferette pour contrer le froid parfois glacial qui régnait dans ce petit amphithéâtre intimidant parce qu’il ne disposait pas d’un système de chauffage des estrades. J’ai eu une brève conversation avec Réjean, me limitant seulement à lui demander s’il m’avait entendu et il s’il m’avait trouvé bon, ce à quoi il m’a répondu par l’affirmative.
Il en était venu du monde lors de cette soirée, même des gens hautement prestigieux. Je me souviens d’y avoir croisé Lucien Bouchard, chef du Bloc Québécois et député indépendant de Lac Saint-Jean, la circonscription électorale dans laquelle était Saint-David-de-Falardeau à l’époque. C’était avant d’être frappé par la bactérie mangeuse de chair. Il était accompagné lors de cette soirée par son épouse, la regrettée Audrey Best, emportée par le cancer en 2011 à l’âge de 50 ans.
Si je vous parle de cette soirée, c’est qu’en cette soirée de veille de la Saint-Jean, j’ai remis les pieds dans mon Saint-David-de-Falardeau natal pour la première fois depuis l’hiver dernier. Revenir dans l’endroit qui nous a vu grandir fait ressortir toutes sortes de souvenirs et d’anecdotes enfouies au fond de nous-mêmes. Et ça le fait de façon si intense dans mon imagination que mes prochains billets sur ce blog seront teintés d’une saveur toute falardienne.
Le tape-casserole montréalais est trop loin pour me déranger et me blaser. Je lui préfère l’air doux et pur de ce village avec lequel je renouerai encore pour une dizaine de jours. Placer cette série de billets sous l’appellation « Le Reflet Falardien » est une belle façon de faire un clin d’oeil à la fois à mon village qu’à celui qui l’a rendu célèbre.
Merci Jean pour ce billet!