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Montréalocentrisme médiatique

J’habite sur l’île de Montréal depuis le 31 août 2007. J’occupe depuis cette date le même appartement situé dans le sous-sol d’une maison de Ville Mont-Royal, une bourgade de riches même si je ne le suis pas encore. Bien que je ne demeure pas à Montréal – Ville Mont-Royal étant une ville à part – l’essentiel de mon quotidien s’y déroule en grande partie. J’y ai entrepris et complété un certificat en journalisme dans une de ses universités, l’Université de Montréal. Depuis octobre 2008, je travaille dans la librairie Renaud-Bray du quartier Côte-des-Neiges, l’un des nombreux recoins de Montréal qui encercle mon lieu de résidence.

En plus de tout ça, j’y fais mon épicerie, mes autres emplettes, sort dans ses bars – quand ça arrive – et pédale dans ses rues et son réseau de pistes cyclables. Que je l’aie voulu ou non, j’ai fini par devenir moi-même montréalais depuis tout ce temps.

Depuis quelques semaines, je n’ai cessé de voir apparaître partout autour de moi des carrés rouges sur les habillements d’un peu tout le monde, à mon travail et ailleurs. Un soir, en voulant entrer dans la station Guy-Concordia, j’ai du traverser une des nombreuses manifestations nocturnes. Le 22 mars, j’ai du passer au travers de l’une des pires manifestations simplement pour entrer à la Bibliothèque Nationale avant qu’il ne soit impossible de le faire, l’accès ayant été bloqué par la suite pour des raisons de sécurité. Il a fallu sortir par une issue donnant sur la rue St-Denis pour quitter les lieux.

Le montréalais d’adoption que je suis se demande jusqu’où iront toutes ces manifestations, et si elles finiront bien par changer quelque chose de concret. Il se demande aussi si, à la longue, elles ne finiront pas par nuire à la cause défendue plutôt que de la faire avancer, notamment en raison des casseurs et des extrémistes et par leur façon plutôt cavalière de passer leur message. Il y a toujours moyen de faire passer un message sans se déshonorer ni nuire à sa cause, et je respecte les étudiants carré-rouge qui procèdent de cette façon. Je salue même leur originalité dans certains cas!

J’ai beau être devenu montréalais par la force des choses, cela ne changera rien au fait que j’ai grandi au fond d’un rang de Saint-David-de-Falardeau, au Saguenay, à 500 kilomètres de Montréal. De ma petite enfance jusqu’à mon jeune âge adulte, j’ai écouté la télé et la radio de ma région. Je les ai vues se montréaliser, devenir de moins en moins locales, se changeant en succursales de conglomérats qui font de Montréal bien malgré elle le centre de l’Univers. Il y a bien quelques indépendants qui se faufilent au travers avec plus ou moins de succès, mais ils finissent toujours par être marginalisés.

Même à Montréal, je vois le tort que ça fait à l’actualité. Toutes ces manifestations se déroulent à quelques pas des édifices de TVA et de la SRC qui voient cette manne de nouvelles se pointer à eux et l’exploiter sans retenue, de tous les angles possibles, presque sans faire d’efforts. À force de voir la couverture médiatique des manifestations, j’ai fini par croire que c’était la province au complet qui était paralysée. Or, rien n’est plus faux!! C’est à Montréal que la merde se brasse, et comme ça n’exige pas un grand effort pour nos réseaux, ils en font leur unique plat de résistance. Et si la merde se brassait plutôt sur la rue St-Germain à Rimouski, avec une manif par soir depuis février, est-ce que la couverture médiatique serait ce qu’elle est, avec tous les effectifs et les moyens qu’on y consacre?

C’est devenu la norme dans les médias : si c’est sur Planète Montréal qu’un événement arrive, tout le monde le sait tout de suite jusqu’à Kuujuaq. Si ça se passe ailleurs, ça peut attendre, et même là, peut-être que ça restera juste local dans la région immédiate de l’événement. Montréal est tellement devenue malgré elle le centre de l’univers médiatique qu’elle finit par oublier qu’elle est elle-même une région qui a sa propre actualité qui n’a pas besoin d’occuper l’espace-média des autres régions qui aimeraient bien un peu d’espace supplémentaire pour parler de son actualité à elle, celle qui n’intéresse pas les montréalais. Mais la rengaine ne changera jamais, dans les médias comme ailleurs : hors de Montréal, point de salut!

Avec Planète Montréal, pas besoin d’aller à Baïkonour au Kazakhstan pour sauter dans le prochain Soyouz afin de voir d’autres planètes. Suffit juste de traverser le pont Jacques-Cartier. Encore faut-il que ce soit dans le bon sens!!

1 réflexion au sujet de “Montréalocentrisme médiatique”

  1. Tout à fait en accord avec toi. Très belle analyse !!!
    Un gars d’un rang originaire d’un grand centre.

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