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Un criminel à pédales

C’était en août 2007. J’étais dans ma phase dépressive-post-Rock-Détente où, pour survivre, je gagnais ma croûte derrière la caisse du Rona L’entrepôt de Sherbrooke, royaume incontesté de la reine sherbrookoise de la publicité télé, l’hallucinante Renelle Anctil qui en est aussi la propriétaire.

À cette époque de ma vie, il me fallait vivre à petit budget pour m’évader un tantinet de mon morose quotidien. C’est alors que mon moyen de divertissement préféré était de m’asseoir sur mon vélo, d’accrocher des écouteurs à mes oreilles et de laisser défiler sous mes roues une route par laquelle un kaléidoscope de paysages magnifiques se montrait à mes yeux ébaubis.

Et Dieu sait qu’à Sherbrooke, ces paysages sont merveilleux! Cette ville est l’une des plus belles dans lesquelles j’ai eu la chance de vivre, même si elle n’accotera jamais mon Saint-David-de-Falardeau natal, à 25 kilomètres au nord du nord de Chicoutimi-Nord. Le réseau sherbrookois de pistes cyclables a de quoi rendre Montréal jalouse, même qu’elle a encore de nombreuses croûtes à manger avant de rattraper nombre d’agglomérations.

Quel plaisir ce fut de pédaler dans la région de Sherbrooke (et ailleurs aussi) en laissant les paysages à ma rencontre avec la musique qui joue dans mes écouteurs sans même que cette dernière n’enterre l’atmosphère sonore ambiante, les plus fins gazouillis d’oiseau pouvant résonner plus fort dans mes oreilles que n’importe quel tintamarre métallique de Metallica ou d’Iron Maiden.

Il faut dire que ma musique ne joue pas très fort, l’animateur de radio que je suis ayant besoin de ses oreilles pour gagner sa vie. Mais même quand j’ai envie d’écouter ma musique fort, celle-ci se fait toujours damer le pion par tous les bruits ambiants du moment, que ce soit le vent trébuchant dans les feuilles et les branches des arbres ou par les voitures allant vers, envers, à l’envers et à travers ma route.

Je ne me suis jamais demandé si c’était légal d’agir ainsi, mais toujours est-il que dans ma petite tête, je me suis dit que si la société tolérait les douchebags en Camaro écoutant du Rihanna à tue-tête en polluant l’air du bruit de leur « bass » dans le piton et des rejets atmosphériques de leur moteur, elle pouvait bien accepter celui qui accepte de se déplacer dans un moyen non polluant et qui garde sa musique (et sa radio) pour lui sans l’imposer aux autres.

Or aux yeux de la loi, lequel de ces deux individus est un bel écoeurant? Le cycliste, bien entendu!

L’animatrice Marie-France Bazzo l’a appris à ses dépends cette semaine, alors qu’elle a écopé d’une amende de 52$ pour avoir commis le crime grave d’avoir roulé en vélo en écoutant le FM 98,5. Lors du récit de sa mésaventure sur les ondes de cette station le lendemain à l’émission de Paul Arcand, elle a remarqué que pendant que le policier lui rédigeait sa contravention, elle a vu passer devant elle plein d’automobilistes jasant au cellulaire alors que d’autres ne faisaient pas leur stop…

Aux yeux de la loi donc, je suis un maudit criminel impénitent simplement parce que j’ose faire mes randonnées de vélo en compagnie de bonne musique. Pour complémenter les observations de Mme Bazzo, je dirai que j’ai remarqué un paquet de policiers laissant faire cette situation, et qu’au moins un cycliste sur trois que je rencontre en randonnée se promène avec des écouteurs sur les oreilles.

S’il fallait que tout ce beau monde se ramasse avec un ticket, cela ferait un méchant magot pour le trésor public!! Et pendant ce temps, nombre de douchebags camaroïsés polluent l’air de leur musique fatigante qui joue tellement fort qu’elle étouffe tout ce qu’il y a autour, et ce dans la légalité la plus totale.

Je ne crois pas que ce règlement va changer, les Jean-Marie de Koninck de ce monde ayant une trop grande influence sur nos décideurs. J’ai peur d’ailleurs, à les écouter, de devoir me mettre à pédaler habillé en gardien de but pour éviter qu’il ne m’arrive la moindre anicroche.

Quoiqu’il en soit, je continuerai toujours à écouter de la musique (ou la radio) en vélo quand cela me tentera. Et si nos décideurs se rendent compte que plus personne ne fait respecter ce règlement, celui-ci disparaîtra de lui-même. Mais bon, je rêve ici en couleurs.

Toujours est-il que la fois où je suis entré en trombe dans le village de North Hatley en dévalant à fond de train la côte de la route 108 (qui fait aussi partie de la Route Verte) alors que Jim Morrisson me chantait à tue-tête « Let it roll, baby roll! » a été un des moments les plus intenses et les plus agréables de ma vie de cycliste.

Et je recommencerais n’importe quand!!

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